Deuxième dimanche de l’Avent 2010

Esaïe 35, 1 à 10
Jacques 5, 7 à 10
Matthieu 11, 2 à 11

L’Avent, c’est comme l’aurore de l’année : avant le lever du soleil, la pleine lumière du jour se fait pressentir dans la fraîcheur matinale, c’est un moment chargé d’espérance.

Ainsi l’Avent nous fait pressentir la venue du Sauveur, le mystère inouï de l’Incarnation et de notre appel à être et à demeurer le peuple de Dieu.

Les textes de l’Ecriture que nous avons entendu nous rappelait clairement que :

1° Pour avancer, nous avons besoin de croire qu’un avenir meilleur est possible. La voix du prophète Esaïe est l’une des plus hautes voix de l’espérance humaine. Pour évoquer l’avenir, il n’a pas d’autre moyen que d’évoquer le désert qui refleurit, la soif assouvie, la joie.
Notre désert est grand, lui aussi, il s’étend à la plupart des secteurs de nos vies.
La vision d’Esaïe nous est donnée pour nous rendre la confiance en l’avenir, pour nous remettre debout ! Un pas vers l’avenir !

2° L’avenir n’est pas encore là, c’est le temps de la patience. Ce temps n’est pas inutile : il est tendu d’espérance. La promesse de bonheur ne donne pas le bonheur : nous avons à le construire. C’est ce que nous rappelaient les paroles de Jacques

3° mais il y en a un qui n’entrevoyait plus l’avenir de la même manière :
Jean-Baptiste, du fond de son obscure prison, est dans le doute …

En fait, quelle était la plus terrible prison pour Jean-Baptiste (J-B, à partir d’ici) ?
– Etait-ce cette obscure et sombre cellule où il était enfermé à cause d’Hérode ?
– Etait-ce cette obscure désillusion et ce sombre désespoir qui l’enfermait dans le doute ?

Portant J-B avait bien compris son appel, il savait qui était Jésus et qui il était lui-même!
Il était le proche cousin de Jésus. Sans compter qu’il a entendu l’histoire que ses parents, (Zacharie et Elizabeth) lui racontaient si souvent : et puis, sache que ton cousin c’est le Messie. Il savait qu’il était son précurseur, son annonciateur
Il était celui qui avait prophétisé son proche avènement … “Il arrive, il a son van à la main, moi je vous baptise d’eau mais lui il vient et vous baptisera d’esprit et de feu “
Il était celui qui annoncait l’arrivée du Royaume, lui qui préchait la repentance parce que la délivrance était proche
Il était celui qui se sentait indigne même de lui enlever les sandales
Il était celui qui avait reconnu en Lui le Christ, le Messie tant attendu
Il était celui qui l’avait rencontré personnellement au Jourdain,
Il était celui qui ne s’imaginait même pas le baptiser : c’est toi qui dois me baptiser (il savait exactement qui il était)
J-B a même vu le ciel s’ouvrir … il a entendu cette voix des cieux qui disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection »
Et puis, nous le retrouvons-là, en prison, en plein tourments ?? En plein doute.

On ne peut pas le blâmer, non parce qu’en fait, J-B, lui qui est la voix dans le désert
est un peu comme cette voix qui a retenti en pleine guerre de 40

Vous savez cette voix qui a été entendue par des milliers de personnes et qui disait des paroles remplies d’espérance avec ces deux célèbres vers de Verlaine
“Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone…” message diffusé sur la BBC le 5 juin 1944 au soir, pour prévenir le peuple en souffrance et les résistants du débarquement imminent en Normandie.”

Et il est même beaucoup plus que cette voix qui annoncait le débarquement des alliés.
Il est celui qui a vu le libérateur sortir de l’eau et débarquer sur la terre ferme.
L’espoir; la joie; l’assurance que la délivrance est proche .
Et puis, les choses ne se passent pas vraiment comme il l’avait prévu.

L’ennemi est toujours là, il ne l’a pas évincé, il ne l’a pas battu.
Non, au contraire, il lui parle d’amour, de retour à Dieu, de vie éternelle.
Il n’a pas libéré le peuple de l’envahisseur, ni des mauvais collabo, mais en plus, lui, J-B est là dans un camp, dans sa prison et Jésus n’est même pas venu le libérer
Mais que fait le libérateur ??
N’est-il pas venu libérer les captifs ? non, là il s’occupe des blessés … de ceux qui sont dans la misère, etc …

J-B avait très bien compris qui était Jésus : il avait une juste compréhension de son oeuvre, mais il n’avait pas compris la chronologie des évènements, il n’avait pas saisi que le temps de Dieu n’était pas son timing à lui …

Il n’avait pas compris non plus que l’ennemi de l’homme, ce n’est pas l’autre, quel qu’il soit ; mais que le plus grand ennemi de l’homme est dans son propre coeur !
Et c’est de ces coeurs que Jésus est venu s’occuper ; pas pour les rendre meilleur.
Non, mais bien pour les purifier en profondeur.
Jésus n’a pas vraiment livré la même bataille que les alliés : chacun sa place, chacun son rôle déterminant dans l’histoire du monde.
Parce que le royaume de Jésus-Christ “ n’est pas de ce monde”.

Mais ce qu’il y a de merveilleux chez J-B, malgrè son tourment, malgré son doute,
c’est qu’il a continué à rechercher ; c’est qu’il a continué à se poser des questions et surtout de trouver des réponses.

J-B veut malgrè tout savoir si c’est bien lui le sauveur…
1° il n’a pas abandonné : il a questionné, il a voulu savoir : face à l’incompréhension, il a continué.
2° il s’est adressé à Jésus, dans ce cas-ci, il a eu besoin d’intermédiaires :
pour nous, accès direct mais malgè tout, il n’y a pas de mal à vouloir en savoir plus, il n’y a aucune honte à venir rencontrer votre pasteur, le jeudi matin, où il vous attend.

La question sceptique de J-B a permis à Jésus de mener ses disciples (et nous-mêmes) devant l’alternative décisive : face au Chrsit, on ne peut pas ne pas choisir : on doit choisir.
Soit on veut comprendre, soit on ne veut pas.
Les oeuvres de Jésus, son attitude, l’exemple qu’il a laissé ou encore ses enseignements obligent une décision: soit on le rejette, soit on l’accepte, … on ne pourra jamis dire : “Je ne sais pas … Je ne savais pas …” Non, la Foi réfléchit !

Il est si courant de classer la foi parmi les sentiments que l’on a de la peine à comprendre que la volonté est liée à la foi, comme un choix à faire, comme une alliance à tenir. Nous ne sommes pas maîtres de la grâce mais nous sommes responsables : c’est à dire, pas seulement coupables de nos choix, mais aussi aptes et appelés à repondre de nos choix. De la même manière, si l’amour est un sentiment, il n’en reste pas moins que la fidélité au choix, conjugal, p. Ex., est affaire de volonté également. Ce n’est pas pour rien que la parole de Dieu fait de l’amour un commandement : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … Tu aimeras ton prochain comme toi-même …Maris, aimez vos femmes …”
S’en tenir à la foi comme sentiment invite à la paresse: c’est une question de choix, de volonté; il y a un prix à payer! C’est la hardiesse de la fidélité, un choix d’aimer que l’on pose chaque jour.

– Jésus vient, quelles que soient les apparences, quelles que soient nos circonstances
-> Nous marchons par la foi, non par la vue … surtout si cette dernière est obscurcie

– Jésus ne rejette personne, jamais : il n’a pas rejeté J-B dans le doute, il ne l’a pas dénigré. Au contraire, il a pris le temps de lui parler, il s’est arrêté pour répondre à son questionnement.
Il a pris soin de l’éclairer là, même au plus profond de son obscure prison.

– Jésus approche, c’est garanti, quoi que l’on ressente.
-> Notre foi n’est pas “sentiment” (et sentimentale), elle est réfléchie, désireuse de savoir : “une foi qui cherche à comprendre (pas juste accepter ce que l’on a entendu/pas de psittacisme-perroquet), non, une foi, qui dans les doutes, continue à s’interroger, enfin, qui continue à interroger le “principal interessé”,
-> notre foi est joie, parce qu’elle s’appuye sur la venue (on s’en rappelle dans ce 2ème dimanche de l’avent): on veut proclamer que Jésus est celui qui, seul, peut véritablement “sauver”.

David REMY, Pasteur proposant