L’Eglise super-marché

On trouve maintenant de plus en plus aux Etats-Unis de ces méga-églises proposant à leurs fidèles tout un catalogue d’activités : piscine, salle de sport, salle de spectacles, cafétéria, et aussi bien sûr des réunions bibliques, mais également des conseillers psychologiques et conjugaux etc…

Je ne peux pas contester l’éventuel succès économique de la chose, puisque certaines de ces Eglises sont ainsi très riches et fréquentées par beaucoup de monde. D’une certaine façon, je peux même dire que cela me fait un peu envie. Qui n’a pas rêvé d’une église pleine de monde, puissante, riche, moderne, active…

Mais au risque de rester pauvre, je maintiens notre modèle d’église, et je crois que ce que nous évoquons-là n’est qu’une dérive qui fait passer à côté d’une bonne part de la radicalité, et de la pureté de l’Evangile.

Le Christ n’a jamais été ni riche ni puissant, il n’a jamais rien fait pour attirer les foules, et se contentait de dire ce qu’il croyant bon de dire, que cela plaise ou non, sans artifices, sans publicité, sans produits dérivés…

Disons-le donc tout net, l’Eglise n’est pas là pour plaire, elle est là pour témoigner d’un message prophétique. Elle n’a pas à se prostituer au monde de la consommation pour attirer du monde, mais se concentrer sur sa mission qui est d’annoncer l’Evangile. On ne compte pas la valeur d’une Eglise à l’aune du nombre de ses fidèles, ni à son budget.

Et puis disons-le encore plus nettement, l’Eglise n’est ni un super-marché, ni un prestataire de service, ni un organisateur de spectacles, ni un institut d’enseignement. L’Eglise est un lieu de partage, d’action, d’écoute, et de témoignage autour de l’Evangile.

Il n’y a pas d’un côté les responsables qui proposent des activités, et de l’autre les fidèles qui consomment… plus ou moins suivant que ça leur plait ou non, mais l’Eglise est ce que les fidèles en font, et est faite de ce que chacun fait. L’Eglise est un lieu d’engagement, pas de consommation. La seule chose que « fournit » l’Eglise, c’est la prédication de la Parole.

C’est ainsi en particulier que je dois inciter tous les ans les jeunes qui entrent dans l’Eglise en confirmant, à ne jamais prétexter un regard critique sur l’Eglise pour s’en tenir éloigné, mais au contraire de venir avec leurs désirs, leurs suggestions, leurs idées pour faire avec d’autres ce qu’ils voudraient trouver dans l’Eglise.

L’Eglise a une vocation : le partage de la bonne nouvelle de l’Evangile, elle ne doit pas se disperser, et c’est pour ça qu’on l’aime. Et quant à la manière de partager cet Evangile, et ce que l’on en fait ensuite pour y répondre, cela dépend seulement de vous.

Louis Pernot
Pasteur de l’Eglise Réformée de France – Paris – Etoile
Juin 2003