Ici commence la Bonne Nouvelle, 2ème Avent 2011

Esaïe 40, 1 à 11
2 Pierre 3, 8 à 14
Marc 1, 1 à 8

Voici trois lectures qui décrivent à merveille la tension qui anime chacun depuis la première Pâques. Une tension croissante, du moins pour les 2 premières lectures, celles du 1er testament et l’épitre de Pierre.
Une tension provoquée par l’attente de la libération promise par Dieu. Cette libération qui sera consolation et réconfort pour les croyants, ces éternels impatients.

Avec le livre prophétique, nous sommes au début de la partie du livre d’Esaïe qui est intitulée pour beaucoup de commentateurs, le livre de la Consolation et qui appartient au second Esaïe. Le texte célèbre la restauration d’Israël et l’inauguration des temps nouveaux, c’est-à-dire la suite logique de la promesse de Dieu qui est et reste fidèle à l’alliance faite avec Abraham.

Entre l’épitre et ce livre du 1er testament il y a plus ou moins 7 siècles.
Dans cette exhortation du 2ème siècle de notre ère, ce n’est plus le peuple d’Israël qui est impatient mais l’Eglise qui vit des moments difficiles. Elle est menacée par des dérives doctrinales et des sectes. Rien n’a changé ! L’état d’esprit de l’humain ne change pas. Dans cette ambiance d’attente, l’évangile se veut la petite flamme qui ranime l’espérance qui brûle en chaque croyant dans l’attente du retour du Maître. Et c’est normal ! L’évangile est la bonne nouvelle !…

Dans l’esprit de beaucoup de gens, le mot Évangile est synonyme de livres, de testaments du Christ, d’une histoire dépassée, alors qu’il s’agit d’un témoignage perpétuel, d’une « Bonne Nouvelle » actuelle. Aujourd’hui comme aux premiers temps de l’Eglise, il faut redécouvrir qu’il s’agit vraiment d’une nouvelle, c’est-à-dire que chaque année elle nous apporte vraiment du nouveau. Elle brise la litanie « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil », car l’enfant Jésus éclaire de manière spécifique et neuve les événements que nous vivons. Elle ranime la lumière d’espérance que le Royaume de Dieu va venir, que les souffrances et les différences seront à jamais bannies.

On ne redira jamais assez que cette nouvelle est “BONNE”, et bonne pour tous, qu’elle veut apporter de la joie et du bonheur à tous, sauf à ceux pour qui elle est l’occasion de déchaîner les foudres de la colère, de la rancœur ou de la menace. L’Avent et Noël, c’est la nouvelle que Dieu vient visiter tous les hommes et veut tous les embaucher pour son Royaume et sa maison. Alors malheur à ceux qui, si facilement, transforment la Bonne Nouvelle en mauvaise nouvelle et prennent Noël comme alibi pour déverser leur bile.

Dans un Évangile, il y a toujours un proto-évangile, une sorte d’introduction. Ici, c’est Jean-Baptiste. Jean-Baptiste, c’est l’énigme du Nouveau Testament. Le cantonnier de Dieu comme disait un catéchumène, car il répare les chemins du Seigneur, comme le prévoyait Esaïe, nous dit le pasteur Alphonse Maillot.

Jean le baptiste est plus grand qu’un grand prophète, plus petit que le plus petit chrétien. Homme de l’ancienne alliance, Élie-bis, dont il partage la passion pour le désert, il a un pied, un orteil dans la nouvelle Alliance. Essénien sorti de son rude monastère de Qumran, il vient annoncer qu’il faut voir et comprendre tout et tous d’une autre manière (c’est la repentance). Il faut, comprendre que la religion héréditaire, génétique, est le contraire de la vraie religion : il en arrive un qui, lui, va enfin permettre à chacun de devenir lui-même. C’est ça la bonne nouvelle !

C’est à partir de ce changement qui se produit en chacun de nous que le Royaume se construira. Oui, mes amis, c’est à partir d’ici que commence la bonne nouvelle ! Ce commencement prometteur nous précède parce que des hommes comme Moïse, Elie, Esaïe, Jean le Baptiste ont été les instruments que Dieu a choisis. Ils se sont levés, ils ont été les bons relais au bon moment pour que tout converge vers la venue du Messie.
Mais tout ne se fait pas à cadence et vitesse humaine :

Pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour.

Avons-nous entendu dans l’épitre.
Cela veut signifier que la bonne nouvelle est toujours en route. Elle commence sans que nous sachions comment.

Cela veut dire aussi qu’il nous est impossible de maîtriser l’agir de cette bonne nouvelle.

Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Le paraître est mis sens dessus dessous. On ne peut plus se fier aux apparences : une humanité nouvelle est amorcée, le baptême en est le signe.
Comme l’écrit 2 Pierre 3, 12 :

Nous attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habite.

La vie de Jésus n’est donc pas une nouvelle jeunesse insufflée à un vieux monde finissant pour le prolonger ou lui donner un nouveau sursis ; c’est au contraire, littéralement, une re-création. Entendez « nouvelle création » et non « récréation ». Certes croire conduit vers le bonheur, mais il y a tout une préparation qui le précède. Cette préparation est une nouvelle naissance qui commence par un changement. Non seulement le paysage change, mais il faut changer de vie. Le jour du Seigneur est le jour d’une création.

PRIERE
Attendre, vivre, annoncer: trois temps forts de l’Avent.
Que notre prière s’ouvre à cette attente.
Une même espérance court dans toutes les communautés; unissons notre prière aux leurs.

Seigneur, Tu nous donnes un temps nouveau.
Mais, savons-nous vivre pleinement ce temps de conversion ? Nous aimerions bien nous ouvrir davantage à tous les commencements que tu places sur nos routes.
Marie, elle, a su au mieux dire le « oui » que Tu attendais; elle a su le vivre surtout.
Alors, avec elle, avec Jean-Baptiste et tous les prophètes, nous voulons te faire entendre notre « oui ».
Oui, Seigneur, avec Toi, je veux marcher tout au long de mon existence.
Avec Toi, je veux aller à la rencontre des hommes et leur dire la merveille que j’ai reçue.
Et si l’on demande: Qui a cru en ce qui était annoncé au nom du Seigneur ?
Je m’avancerai et, du coeur du monde et de ses tourmentes, je leur dirai que, moi, je crois encore l’incroyable et que je l’espère malgré tout.
Seigneur, renouvelle en moi ton Esprit Saint, Seigneur, donne-moi ta joie.
Le monde est toujours à naître, il nous appartient de l’inventer chaque jour, de le recréer.
Personne ne le fera à notre place.
Prions pour chaque homme réalise, là où il est, la création nouvelle.
L’Eglise, ce n’est pas les autres, l’Eglise, c’est nous.
C’est un peuple qui fait Eglise et qui fait l’Eglise.
Prions pour que nous soyons toujours conscients de nos responsabilités.
Notre communauté est un lieu privilégié; un lieu où l’on peut voir et sentir que ça bouge.
Qu’à travers notre accueil et notre partage on puisse lire les signes du Royaume.
SEIGNEUR, rends-nous attentifs à ton projet pour le monde.
Apprends-nous surtout à réaliser ton oeuvre là où nous sommes, dans les tâches les plus humbles et les plus quotidiennes.

Amen

Ce changement passe aussi par le désert, là où vit Jean. Le désert a été le lieu où se sont passés de grands moments de la vie du peuple de Dieu et, en particulier, cette rencontre exceptionnelle de Dieu avec son peuple, par l’intermédiaire de Moïse, au Sinaï. Le prophète Osée dira que les quarante années passées par le peuple de Dieu dans le désert ont été, pour Israël, le temps de ses fiançailles avec Dieu, le temps où le peuple s’est senti très proche de son Dieu. Et Jésus, à peine baptisé par Jean, s’en va au désert quarante jours et quarante nuits.

Le désert, c’est, apparemment, la solitude, l’isolement, et peut-être l’angoisse. Mais c’est aussi le lieu de la découverte de la solidarité entre les hommes, où l’intervention d’un guide, l’indication d’un puits sauvent la vie. Le désert, c’est la découverte des limites de l’homme et de sa précarité, mais aussi la découverte d’amitiés, de solidarités plus fortes que la mort. De l’amitié et de la solidarité de Dieu. Jésus vient parmi nous, dans nos solitudes, pour nous redire que, toujours, il est avec nous.

Certes chaque année nous nous remémorons les mêmes thèmes à cette période. Cela peut paraître lassant. Pourtant chaque année de nouveaux membres se lèvent et s’engagent pour Dieu. Chaque année, il y a quelqu’un pour qui la bonne nouvelle commence ici.

Oui, la bonne nouvelle est toujours en route, elle n’est pas encore à son terme.
D’ailleurs si j’ai un jour entendu cette bonne nouvelle, qu’elle m’a ému et peut-être changé, chaque année elle me rend courage et me donne une nouvelle énergie. Je suis alors pleinement disponible pour Dieu qui m’envoie vers les autres leur témoigner que bientôt les choses vont changer et que plus jamais la famine, la maladie, la guerre ne seront là !

Oui, chaque année, la deuxième flamme élargit un peu l’espace de la tente de Dieu qui en Jésus revient bientôt.

Amen

Si quelqu’un se plaint que le monde lui a manqué, c’est qu’il a manqué au monde.
Si quelqu’un se plaint que l’amour ne l’a pas comblé, c’est qu’il se trompe sur l’amour.
L’amour n’est pas un cadeau à recevoir, mais un don à consentir.
St Exupéry


Il y a toujours quelque chose qui est en train de bouger.
Il y a du nouveau en l’air.
Ce 2e dimanche de l’Avent nous invite à la conversion, c’est-à-dire à faire l’expérience de l’espérance et du changement.
Le Seigneur insiste, ne restons pas inactifs.
Le monde de demain ne se fera pas sans nous, pour naître, il a besoin de nos mains et de nos coeurs.
Quelqu’un vient, Christ est déjà venu pour réaliser le passage de l’ancien au nouveau.
C’est une Bonne Nouvelle que celle-là. Il faut à tout prix l’annoncer, car elle nous presse.
Ne crains pas, nous dit l’Ecriture, élève la voix avec force et annonce partout:
un ciel nouveau, une terre nouvelle sont en train de naître !
En serons-nous les artisans ?

Pasteur Bernard Dernoncourt, le 4 décembre 2011