Être dans la vérité

Prédication du dimanche 29 janvier 2012
Genèse 2, 7 à 9 & 25
Marc 5, 1 à 20

Recherchez-vous la vérité ?
Comment vous y prenez-vous ?
Je vous donne un petit truc facile pour y arriver plus rapidement et certainement : Lisez la Bible !
Depuis le premier récit d’homme, jusque dans les derniers versets de l’Apocalypse (qui veut dire « révélation ») la vérité vous est expliquée dans tous ses détails.
Entre ces deux passages, la vérité est décrite sous différentes facettes pas toujours facile à trouver. Mais petit à petit on la découvre et alors c’est dans l’extase ! N’avez-vous pas atteins cet état ?
C’est normal que vous n’y soyez pas encore !
Dans les textes lus, avez-vous entendu le mot « vérité » ?
Encore un non, et vous avez raison, tant dans le premier texte entendu ce matin, que dans l’évangile, il n’est pas question de vérité !
Vous avez raison. Mais demandez à Julie Lescaut si la vérité est facile à trouver ? Je suis sûr qu’elle vous répondra « Non » !
Il y a quelques semaines au catéchisme dans notre quête des choses de l’Eglise, nous étudiions le péché.
L’ouvrage utilisé lie le péché et la vérité.
Voyons cela.
La recherche de vérité commence par les mots qui ont permis au philosophe grec antique Socrate de développer sa pensée et qui sont inscrits sur le fronton du temple de Delphes :

Connais-toi toi-même.

Selon Socrate, se connaître soi-même permet d’accéder à la vérité. Cette dernière est voilée par les voiles de la sensation, de l’opinion et des préjugés, avance ce sage.
Ces trois voiles, Adam, le 1er homme et Eve la 1ère femme, ne savent pas ce que c’est ! Du moins dans le début de leur vie, quand ils sont dans la vérité, quand ils sont sans péché !…

Ils étaient tous les deux nus, l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte.

Par contre, le démoniaque de l’évangile de Marc les éprouve tous les jours, et ses voisins les agitent souvent, à tel point qu’ils ont peur de la vérité, même si ils la cherchent toujours.

Ils arrivent auprès de Jésus et voient le démoniaque assis, vêtu et avec toute sa raison – lui qui avait eu Légion – et ils eurent peur.

Alors ils se mirent à supplier Jésus de s’en aller de leur territoire.

Comme l’écrit un sage :
Le mystère et la grandeur de l’homme, c’est qu’il a besoin des sages et des savants, de la mer et du vent, des poètes et des musiciens, des artistes et des arlequins, et finalement de Dieu lui-même … pour découvrir qui il est.1
Pourtant, dés la création et même après le péché originel, Dieu a mis tout en œuvre pour que l’humain trouve la vérité et revienne dans l’état d’Adam et Eve.
Cette vérité est découvrable et peut entrer en action aujourd’hui même et durant la vie terrestre. Elle est connaissable bien avant le retour de Jésus.
Dans l’évangile de Jean (Jn 8, 31-32), Jésus dit à ceux qui le suivent :

Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

C’est cet état de liberté qui anime Adam et Eve et le démoniaque guérit. Ils sont dans la vérité.
Il en est de même de tous les guéris par Jésus. Tous en recouvrant la liberté de mouvement ou de parole se sentent libre et partent témoigner autour d’eux.
La vérité et la liberté sont intimement liées l’une à l’autre, il n’y a pas de vrai liberté dans l’illusion. C’est la raison pour laquelle la question de la vérité de l’homme est fondamentale.
Un humain dans la vérité est libre de tous préjugés, de toutes contraintes : (Mc 5, 20)

Il s’en alla et se mit à proclamer dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous étaient étonnés.

Rapporte Marc. Alors qu’il était rejeté par ses frères, aujourd’hui, cet homme n’a plus peur d’eux. Que du contraire, il les étonne.
Rappelez-vous le lépreux qui n’alla pas se montrer au prêtre, lui aussi s’est senti libre et dans la vérité.
Mais qu’est-ce que la vérité alors ?
Être dans la vérité, c’est être sans péché. Et tous les guéris sont pardonnés et redeviennent sans péché. Ils resteront dans la vérité s’ils ne retombent pas dans leur mal !!!
Mais qu’est-ce que le péché ?
Le péché, ce n’est pas être une fois de temps en temps dans l’erreur. Ce n’est pas manger un bonbon quand cela nous a été interdit.
Ce n’est pas dire du mal de l’un ou l’autre.

Du moins, ce n’est pas que cela !!!
Dans la Bible, le verbe « pécher » (ajx (Chata) et amartanw) signifie littéralement :
Manquer son but, se tromper de chemin, s’éloigner de la vérité.
Le péché est donc une mauvaise orientation de vie.
C’est le problème du péché que commettent Adam et Eve. Ils choisissent un mauvais chemin, une mauvaise orientation en écoutant une voix qui leurs dit :
Pourquoi vous encombrer des conseils que Dieu vous donne ? Vous pouvez être Dieu vous-mêmes. Vous pouvez décidez vous-mêmes ce qui est beau et bon pour vous.
Mais en cherchant à être Dieu, on élimine les limites qui sont en nous, nous voulons posséder les gens et les choses. C’est être un tyran !!!
Et si votre voisin à la même envie que vous, vous imaginez ce que cela donne ? C’est la guerre !…
En écoutant la voix, et en faisant ce qui était déconseillé, l’homme et la femme sont sortis de la vérité et là :

Leurs yeux à tous les deux s’ouvrirent, et ils surent qu’ils étaient nus.

Alors qu’avant cela, avant de manger de l’arbre,

Ils étaient tous les deux nus, l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte.

Vous entendez la différence ?

Dans un évangile qui n’est pas dans la Bible, l’évangile de Thomas, il y a un petit dialogue entre les disciples et Jésus qui explique bien ce que ressentent les premiers pécheurs. Les apôtres demandent à Jésus :
-Seigneur, quand ton royaume adviendra-t-il ? Quand serons-nous avec toi dans le grand bonheur ?
Jésus répond : Quand, ayant quitté vos vêtements, vous les piétinerez sans honte, comme les petits enfants, alors le Royaume sera là !
Avant l’homme et la femme n’avaient pas honte, après oui.
Cette absence de honte est présente chez le démoniaque. D’abord quand il est toujours sous l’emprise de « légion », mais qu’il a soif de vérité et qu’il pressent dans un petit moment de lucidité qu’il peut la trouver :

Il vit Jésus de loin, accourut, se prosterna devant lui.

Et puis à la fin de l’histoire quand il est guéri et qu’il témoigne de ce qu’il vient de trouver la vérité.
Dans la Bible, il n’y a pas de rupture sans possibilité de réparation.
Si on parle de péché, c’est aussitôt pour annoncer un pardon possible. Si on évoque l’aliénation, la folie, c’est en vue d’une libération.
Être pardonné, recevoir les paroles de pardon ou de grâce, conduit à une autre vie et un autre dynamisme.
Le guérit de l’évangile de Marc part témoigner avec ardeur de ce pardon et de cette libération qui l’on conduit à la vérité.
Adam et Eve ne se laissent pas aller, ils entrent dans la vie terrestre limitée dans le temps, mais ils vivent en essayant de retrouver cet état de vérité.
Il en va de même pour chacun de nous aujourd’hui. Comme le démoniaque, comme Adam et Eve, nous avons la possibilité de trouver cet état de grâce qui nous conduit à la vérité.
Il suffit simplement d’aller vers Jésus, même si une voix crie en nous :

Que me veux–tu, Jésus, Fils du Très Haut ? Je t’en conjure (au nom) de Dieu, ne me tourmente pas.

Il suffit simplement de confesser son péché.
Confesser son péché, ce n’est pas raconter les bêtises que nous avons faites, mais en présence de Dieu, nous présenter tels que nous sommes avec toutes les limites et les ambiguïtés de notre foi.
Confesser le péché, c’est :

  • Avoir le courage de la lucidité sur nous-mêmes. C’est-à-dire essayer de se connaître le mieux possible pour mieux déceler les erreurs, les corriger et surtout ne plus les commettre.
  • Repérer les résistances qui nous opposent à la vie dans la bonne nouvelle de Jésus le christ.
  • Ouvrir les différentes portes à la lumière de Dieu et à son pardon.
  • Déposer les peurs et les réticences qui nous empêchent de grandir dans notre foi.

Alors nous accéderons à la vérité.
Schleiermacher, théologien allemand du 19ème siècle a écrit :

Le premier devoir envers Dieu, c’est le respect scrupuleux de la vérité.

Amen

Bernard Dernoncourt