La nativité et le salut par la foi

Sujet paradoxal, me direz-vous, pour cette période de l’année liturgique dédiée traditionnellement à Noël … Mais sujet en rapport étroit avec l’actualité de notre communauté pour la saison 2012 -2013 des rencontres œcuméniques. Voyez plutôt.

Le thème du cercle d’étude biblique œcuménique de cette année est l’épître aux Romains.

Cette épître «qui fit exploser l’Europe occidentale», comme le souligne l’intitulé du programme 2012-2013, a une importance œcuménique. C’est dans cette lettre en effet que Luther a découvert ce qui est devenu l’affirmation centrale de la Réforme : le salut par la foi et non par les œuvres. Et c’est par elle qu’à débuté symboliquement la Traduction Œcuménique de la Bible.

Nous trouvons une illustration de ce thème « foi et œuvres » aux débuts du Christianisme, dans l’église de Jérusalem.

Celle-ci est fondée suite à l’effusion du Saint-Esprit qui s’est produite à la première Pentecôte suivant la résurrection de Jésus. Le rapport entre la foi et les œuvres va rapidement apparaître dans cette église notamment lors de l’institution des diacres en Actes 6.

Dans ce récit, la foi correspond à la fonction spécifique des apôtres, qui est la prière et la prédication de l’évangile ( Actes 6.4), évangile de la mort et de la résurrection de Jésus, libératrices du jugement et de la mort. Quant aux œuvres, elles coïncident avec la fonction diaconale (ici : le service des repas communautaires et la distribution quotidienne de vivres aux veuves).

Il faut remarquer deux choses à ce propos : d’abord, que les apôtres ont assumé à un moment donné une tâche diaconale, et ensuite, que les diacres sont choisis parmi des membres « remplis du Saint-Esprit » (Actes 6.3), ce qui suppose une pratique importante de la foi.

Le texte biblique met en évidence deux exemples remarquables parmi ces diacres : « Étienne, homme rempli de foi et du Saint-Esprit, ainsi que Philippe » (Actes 6.5). Étienne et Philippe sont des évangélistes (prédicateurs-missionnaires) et d’abord des hommes de prière (Actes7.59-60 et 8.6-7).

Ces deux derniers textes nous montrent que la prière pratiquée engendre des effets divers, d’abord moraux, c’est pourquoi le Saint-Esprit est appelé dans le Nouveau Testament, le Consolateur, le Paraclet. Mais la prière produit aussi des miracles (guérisons), qui sont des sortes d’œuvres. Donc, dans ce cas, la foi peut, en quelque sorte, remplacer une œuvre.

D’où la question qu’ont posée ou se posent encore certains, par exemple, s’il faut prier ou se soigner quand on est malade.

La tradition juive a répondu assez justement dans le livre du Siracide (ou Ecclésiastique) ch.38.1-2a, 4-5, 6-10, 12, 14 (version du chanoine Crampon, 1960) :

« Honore le médecin en vue de tes besoins ; car, lui aussi, c’est le Seigneur qui l’a créé. C’est du Très-Haut, en effet, que vient la guérison.

Le Seigneur a créé de la terre les médicaments, et l’homme sensé ne les repousse pas. Un bois n’a-t-il pas adouci les eaux, afin de faire connaître sa vertu ? (Exode 15.23-25a).

C’est lui aussi qui a donné aux hommes la science pour se glorifier dans ses merveilles.

Par eux on guérit et enlève la douleur. Le pharmacien en fait des mixtures, et son œuvre est à peine achevée que par lui la paix se répand sur la face de la terre.

Mon fils, si tu es malade, ne sois pas négligent, mais prie le Seigneur et il te guérira. Évite les fautes et redresse tes mains, et purifie ton cœur de tout péché.

Puis fais place au médecin, car, lui aussi, le Seigneur l’a créé, et qu’il ne s’éloigne pas de toi, car tu as besoin de lui.

Car eux aussi prieront le Seigneur, afin qu’il accorde le soulagement et la guérison pour la vie du malade. »

Dans la pensée chrétienne, les œuvres, pour être pleinement efficaces, ont lieu d’être éclairées par l’Esprit Saint. C’est vrai de la bienfaisance, qui peut être naturelle, comme de la Loi de Moïse, qui est révélée.

Lors de la nativité, deux familles apparentées, celle d’Élisabeth et de Zacharie, celle de Marie et de Joseph, vont réaliser, grâce à la foi, une œuvre difficile. Élever et éduquer, dans des conditions peu ordinaires, hors normes, deux des plus grands serviteurs de Dieu de l’histoire, dont le fils unique de Dieu.

Élisabeth et Zacharie sont âgés, proches de la retraite dirions-nous aujourd’hui. Marie est enceinte d’un enfant sans père (humain), condition délicate ! Son futur époux, Joseph, accepte cette situation et considère l’enfant à venir comme le sien.

La foi de ces deux couples les entraîne dans une œuvre qui les dépasse et leur permet de mener à bien la tâche qui leur est confiée.

Lorsque Marie rend visite à Élisabeth, celle-ci « remplie du Saint Esprit » atteste que sa parente est enceinte du fils de Dieu : « Qui suis-je pour que la mère de mon Seigneur vienne chez moi ? »(Luc 1.43).

De même Zacharie, après la naissance de Jean, est « rempli du Saint Esprit » et loue l’Éternel :
« Notre Dieu est plein de tendresse et de bonté : il fera briller sur nous une lumière d’en haut, semblable à celle du soleil levant, pour éclairer ceux qui se trouvent dans la nuit et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas sur le chemin de la paix. » (Luc 1;78-79).

Donc, la foi, l’écoute de Dieu et des Écritures, nous relancent vers les œuvres, c’est -à-dire les besoins du monde, comme le dit Marie dans le Magnificat : « Il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés » (Luc 1. 52-53).

« Marie, solidaire des oubliés, nous appelle à chanter avec elle l’hymne célébrant le Dieu qui porte son regard sur les plus petits.

Laissons-nous entraîner par l’appel de Marie pour nous réjouir d’être connus par Dieu et mieux porter l’aspiration de ceux qui n’ont pas de voix.

Je nous souhaite un Noël allègre et prophétique »
Claude BATY, président FPF (Réforme 22/12/2011)

Bon Noël à tous
Jean CHARLES