De génération en génération

church-is-peopleQuoi qu’on en dise, qui que l’on soit, le mois de novembre, ce temps de l’automne rime pour beaucoup avec le fait d’aller nettoyer différentes pierres tombales de la « famille ». Comme diront certains : « ce n’est pas parce que nous sommes protestants que les tombes où sont enterrés nos générations précédentes, doivent rester sales année après année ». Comme si c’était une marque de fabrique : « cette tombe est sale ! Ça doit être celle d’un protestant dont la famille ne fête pas le jour des morts ».
Oui !, mais entre fêter et se souvenir, il y a une différence. Entre prier pour un défunt et rejoindre la prière de ceux qui sont partis, il y a aussi une différence. La faisons-nous ou jetons-nous tout notre passé au bac comme un vulgaire chiffon ?

Nous souvenir de ce qui nous a été transmis, c’est se remémorer l’histoire, comme la louange du Psaume 105: 5,6 nous le chante « … Souvenez-vous des prodiges qu’il a faits, de ses miracles et des jugements de sa bouche, Postérité d’Abraham, son serviteur, Enfants de Jacob, ses élus ! … ».
Il était jadis de coutume de raconter les merveilles que Dieu avait réalisées dans la vie des uns et des autres, depuis le temps d’Abraham en passant par Moïse.

Aujourd’hui encore, notre passé peut être une source de louange, une source de remerciement. Seulement, c’est comme si notre passé s’était arrêté au temps de Jésus, comme si notre proche passé était moins important. Et pourtant, si nous en sommes où nous en sommes, c’est parce que d’autres avant nous ont cru et ont placé leur confiance en Dieu. C’est parce d’autres avant nous ont fait le lien entre il y a deux mille ans et aujourd’hui.

Alors maintenant pas de doute, si nous regardons aux promesses, aux projets à accomplir du temps de Moïse, David et les autres, tout a été accompli. Les promesses se sont réalisées, nous pouvons nous en réjouir pour les peuples passés; ils sont arrivés en terre promise. Cela a été formidable pour eux, mais pour nous cela n’a plus d’influence.
De même, leurs projets se sont réalisés, ils ont été menés à leur terme, ils ont conquis leurs territoires, ils ont gagné des batailles. Mais une fois encore, leurs projets ne sont pas nos projets. Aujourd’hui bien souvent ce ne sont plus que des histoires. Bien sûr ces histoires du temps passé sont formidables, mais nous devons bien nous l’avouer, elles ne nous concernent plus directement.

Et pourtant, nous l’avons dit, entre eux et nous il y a une série de générations, celles-ci ont aussi marché avec Dieu. Celles-ci ont aussi reçu des promesses de Celui avec qui ils avaient une relation personnelle. Celles-ci ont aussi développé des projets en vue de voir le Royaume de Dieu devenir un peu plus manifeste. Mais nous ne parlons jamais d’eux ou si rarement que nous ne savons plus qui ils sont, quelles étaient leurs perspectives de vie et leurs ambitions.

Aujourd’hui, il nous est donné l’occasion de regarder en arrière et de profiter de l’expérience, du savoir des générations passées et proches de nous à la fois. Sans chercher midi à quatorze heures, mettons-nous dans cette dynamique biblique d’honorer ses parents (Exode 20, 12), c’est à dire de faire en sorte que leurs vies aient du poids dans la nôtre. Il ne s’agit pas de reproduire ce qu’ont fait ou dit nos parents et grands-parents mais qu’au travers de leurs expériences, de leur vécu dans tel et tel domaine nous puissions construire du solide pour nous et nos générations.

Alors concrètement, prenons le temps comme la Bible l’a fait pour les temps passés, de collecter des informations sur notre histoire, sur l’histoire de Dieu dans nos familles pour alors solidifier la construction de nos vies. Un exercice simple serait de savoir si nous sommes dans la même lignée que les précédents. Un deuxième pour pousser la curiosité plus loin et approfondir notre reliance à Dieu, serait de voir si nous sommes dans la même lignée que celui qui nous a tous précédés (le 1er Adam) Jésus.
Forts de ces perspectives sur nous et notre passé, avec ce regard différent sur nos pierres tombales et sur le tombeau vide du Christ, nous pouvons enfin nous demander si nous sommes en train de devenir des pierres vivantes tel que cela nous est enseigné dans la première épitre de Pierre, Chapitre 2 versets 4 et suivants « Vous aussi comme des pierres vives êtes édifiés pour être une maison spirituelle », ou si nous sommes en train d’attendre que les pierres du passés se mettent à crier parce que nous disciples du Seigneur nous taisons tels que nous le rappelle en Luc 19, 40 « Je vous dis que si ces disciples se taisent, les pierres crieront. » ?

Alors en tant que nouvelles pierres bien bâties sur notre passé, que sommes-nous en train de dire et de transmettre ? Le passé nous sert-il de leçon pour notre présent ? Le passé nous permet-il de gagner du temps et de l’énergie à la construction des fondations ou nous contentons-nous de tout recommencer comme si rien n’avait existé ? Et plus concrètement encore, notre passé est-il utilisé par ceux qui s’occupent aujourd’hui de nos domaines de compétence.

Aujourd’hui ne laissons plus mourir nos pierres; transmettons nos spécificités, les expériences et les savoirs que nous avons reçus et développés, et bâtissons ensemble, toutes générations confondues, le temple du Seigneur. Ainsi, je vous souhaite à tous un bon récurage de votre passé pour mettre en lumière avec le Seigneur votre présent et illuminer votre futur.

Marie-Line Demeuse
Votre pasteure proposante