Prédication apportée par David Remy, Pasteur Proposant, le dimanche 20 février 2011 au temple de Charleroi.
(Dan 6 : 11-12 ; Eph 6 : 18-20 ; Mat 6 : 5-8)
Un proverbe africain dit :
« Chaque matin, une gazelle se lève en sachant qu’elle devra courir plus vite que le lion le plus rapide, sinon, elle se fera dévorer.
Et chaque matin, un lion se lève en sachant qu’il devra courir plus vite que la gazelle la plus lente, sinon, il mourra de faim.
Alors, que tu sois une gazelle ou un lion, tu as intérêt à courir ! »
Courir, toujours courir … il n’y a pas que pour la gazelle et le lion que courir est un maître mot ! Ici, pour nous, dans notre quotidien, c’est souvent la course aussi ! Mais trouve-t-on le temps de respirer encore ?
La prière, c’est un temps de respiration profonde ! Un temps où l’on peut se ressourcer, évacuer le surplus et respirer à pleins poumons avant de reprendre la course. C’est une « habitude » qu’il est bon de prendre, tout comme il est bon de bien respirer avant et après l’effort.
La course quotidienne est une des raisons principales pour lesquelles nous prions peu. Le manque de temps, donc, nous empêche de prier …
Dans le texte du livre de Daniel, ce qui a failli mettre fin définitivement à la vie de prières de Daniel (et à sa vie tout court !), c’est un décret. Une « interdiction de prier » signée de la main même de l’empereur, une interdiction pour tous les croyants de prier et d’invoquer leur Dieu. Daniel, malgré l’interdiction, continuait, comme d’habitude, à prier et à louer Dieu. Dénoncé pour avoir supplié Dieu, il fut jeté dans la fosse aux lions, et c’est par une prière de la bouche même de l’empereur – qui aimait beaucoup Daniel – que la délivrance fut possible …
Aujourd’hui, il n’y a pas de décret qui interdise aux chrétiens de prier, mais il y a bien des raisons qui nous empêchent de prier.
Lors de notre dernière réunion de prières, nous nous sommes posés cette question :
« Qu’est-ce qui nous empêche de prier ? »
Les réponses furent très intéressantes, et très révélatrices de la société dans laquelle nous vivons, avec notre rythme de vie et nos conceptions des fois saugrenues !
Il y avait, comme nous l’avons déjà souligné, entre autres :
– le manque de temps, la course quotidienne, qui nous empêchent de nous arrêter un peu
– la fatigue : nous sommes trop fatigués,
– la prière n’est pas une priorité dans tout ce qu’il y a à faire …
– le découragement : on est découragé parce que ça ne marche pas tout le temps
– nos mauvaises conceptions : qui suis-je pour prier ? que vais-je dire pour être entendu ? comment prie-t-on ?
Ce matin, brièvement, nous prendrons un peu de temps pour nous rappeler quelques principes élémentaires sur la prière.
Le premier point que j’aimerais soulever provient du texte de Matthieu :
(5) Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour se montrer aux hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense (6) Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le (lieu) secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Jésus invite ses auditeurs à réexaminer leur manière de vivre leur relation avec Dieu. Si, dans le contexte de ces versets, Jésus s’attaque à l’hypocrisie de ceux qui aiment être vus lorsqu’ils donnent l’aumône, lorsqu’ils prient ou lorsqu’ils jeûnent, Jésus leur rappelle que ce qu’ils devraient vivre devant Dieu, ils le vivent malheureusement devant les hommes !
Le but de Jésus dans sa triple exhortation (aumône, prière, jeûne) ne veut pas dépeindre une pratique déterminée, mais une réelle relation, exprimée par des actes et des paroles. Pas pour les autres, pas pour être vus, ni non plus pour ‘manipuler’ Dieu ou lui tordre le bras pour l’obliger à réagir (donner, bénir ou répondre) … mais dans le secret, l’intimité, le sérieux,
Nous n’avons pas à prouver notre spiritualité, non, nous avons juste à l’exprimer simplement devant Celui qui seul connaît notre cœur …
L’invitation à rentrer dans sa chambre, à se retirer dans le secret – qui est un lieu privilégié bien sûr – souligne surtout « l’intimité » de notre relation avec Dieu, une proximité unique entre Dieu et nous.
Prier dans sa chambre n’est pas juste un lieu géographique précis, comme si c’était Jérusalem ; ce genre de temps de prière peut se vivre partout, parce que c’est d’abord dans le cœur que se vit cette intimité … cela nous dépasse que le Dieu tout-puissant, souverain de ce monde, Lui qui tient le monde entre Ses mains, qui est au-delà de la politique ou de l’Histoire, puisse prendre le temps de nous écouter et d’être présent à nos côtés.
Quel mystère que celui de la prière ! Et pourtant, si simple à vivre. Dieu est là, Il nous écoute et prend même le temps de nous répondre.
Des centaines de passages bibliques traitent de la prière pour nous amener à découvrir la réalité et la puissance de celle-ci.
(7) En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne rabâchez pas des tas de paroles nous dit une autre version.
Si la prière pouvait être mesurée, avec quel instrument de mesure pourrait-on la mesurer ?
– Pas avec un chronomètre ! : mesurer le temps que l’on passe,
– ni un débitmètre pour mesurer le débit de paroles !
– ni un fréquencemètre pour mesurer le nombre de fois que l’on prie sur la journée
– ni un audio-dosimètre pour mesurer la puissance vocale qui se dégage !
– ni avec une balance, pour évaluer le poids de nos prières
– ni non plus avec un altimètre afin de voir jusqu’où notre prière est montée
– non, si nous pouvions mesurer nos prières, ce serait avec un ampèremètre afin de mesurer avec quelle intensité nous prions ! L’intensité de notre cœur, de notre foi, de notre ferveur, en fait …
Ce n’est pas le nombre de paroles ou de phrases ou de demandes, mais bien une ferveur, une foi, une assurance, une sincérité, une conviction … simplement en réalisant que Dieu est là tout près, tout proche ; comme il est prêt (disposé et décidé)
« ne multipliez pas de vaines paroles »
Dans les versets qui suivent notre texte, Jésus apprend à Ses disciples comment prier avec le « Notre père », et vous savez, il y a moins de 90 mots dans le texte grec ! et sûrement moins encore en araméen, la langue d’origine !
Alors, si cette prière est le modèle que Jésus nous donne, nous pouvons vraiment nous en inspirer pour notre prière personnelle, ou en couple et famille !
Comme on le dit souvent : « Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité ! »
« votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez »
Prier ne nous garantit pas d’avoir toujours les réponses que l’on attend, que l’on veut, que l’on espère. Parfois, la réponse de Dieu sera de nous donner tout ce qu’il faut pour vivre avec le même problème, la même maladie, mais le problème ne sera pas transformé.
Nous pouvons prier pour que notre directeur ou notre chef de service soit plus agréable, qu’il soit différent, changé, transformé ! Mais souvent, c’est nous que Dieu changera … Il nous donnera assez d’amour pour apprécier notre directeur, Il nous donnera la patience pour supporter telle situation, Il nous donnera la sagesse pour faire ce qui est juste … Dieu ne répond pas toujours comme nous le pensons …
Eph 6 : 18-20
(18) Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints (19) et aussi pour moi : que la parole, quand j’ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’Évangile..
En tout temps, en toutes circonstances, en tous lieux avec toutes sortes de prières. Cela nous rappelle juste que prier se fait pour tout et partout !
Si je suis heureux : je loue Dieu
Si je suis triste : je prie Dieu
Si je suis béni : j’adore Dieu
Si je suis en colère : je vide mon cœur à Dieu
Si j’ai besoin de quelque chose : je demande à Dieu
Si mon voisin a besoin de quelque chose : j’intercède auprès de Dieu
Si j’ai reçu quelque chose : je remercie Dieu
Si j’ai peur ou que je suis découragé : je prie Dieu
La liste est longue encore !
Un culte comme nous le vivons est un modèle pour nous : nous prions pour tout !
Pour louer, pour demander pardon, pour remercier de la grâce qui nous est faite, pour parler à Dieu mais aussi pour l’écouter, parce que prier, c’est écouter aussi !, nous prions pour l’offrande, pour le monde quand nous intercédons, …
Ecouter des prédications ou des témoignages sur la prière, lire des livres sur la louange ou l’intercession, assister à des séminaires sur la prière, c’est ce qu’il y a de mieux … Mais si l’on désire ce qu’il y a de meilleur, alors expérimentons-la ! Rien de tel … C’est à cela que nous invite le Seigneur dans le passage de Matthieu lorsqu’Il nous invite à nous isoler, pour un temps : seul à seul, en tête-à-tête, là où personne ne nous voit et ne nous entend, excepté Lui … Là, dans le secret de notre chambre, Il voit dans le secret de notre cœur.
Là, au plus profond de notre être, au plus profond de notre âme, Il entend nos moindres soupirs, nos moindres mots, nos moindres désirs et moindres besoins.
Combien de personnes peuvent témoigner que la prière de leurs parents, de leurs grands-parents ou même d’amis a été l’élément déterminant dans leur conversion, ou de leur délivrance d’une dépendance ?
Bien des personnes ici sont des réponses aux prières que des parents ont faites, peut-être pendant des années, et qui, un jour, ont vu l’accomplissement, contre toute attente.
Nous sommes également une réponse à cette prière de l’Evangile : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans la moisson »
Quand Dieu a un projet, il fait naître un enfant ! Nous sommes une réponse à une prière, à notre tour d’agir et de prier aussi.
Ça, ce n’est pas « rabâcher des paroles », non. Ca, c’est expérimenter la prière, sa puissance et la persévérance.
A nos enfants ou petits-enfants, nous ne leur apprendrons pas tout, mais si nous savions déjà leur apprendre à se confier à Dieu, à se tourner vers Lui en toutes circonstances, alors, nous aurons réussi quelque chose de fort, de vrai.
La prière se vit et s’expérimente …
En conclusion, rappelons-nous juste que « Prier est une nécessité, même si nous sommes débordés » parce que la prière :
– c’est d’abord une relation à développer, à vivre en intimité
– c’est ensuite réaliser que ce qui est important est la qualité et non la quantité. Ce n’est pas avec un chrono que l’on mesure une bonne prière, mais avec un ampèremètre : il mesure l’intensité qu’il y a là, au plus profond de notre cœur
– c’est aussi d’accepter que les réponses de Dieu sont souvent bien différentes de ce que l’on attendait. Il sait mieux que nous ce dont nous avons vraiment besoin, et puis, nous le savons, Il est Dieu, et donc souverain …
– et enfin, la prière est quelque chose que l’on expérimente, que l’on apprend soi-même, et ça, en toutes circonstances et en tous lieux
Alors, cette semaine, faisons peut-être les choses différemment, expérimentons la prière d’une autre manière … et puis, nous verrons la différence !