Culte du 1 mai 2011 – Installation de la commission Diaconie

LECTURES BIBLIQUES : 1 Timothée 2, 1 >3,7 & Luc 12, 35 > 38

Les 2 textes lus ce matin, vous l’avez compris, se rapportent au ministère. Commençons par 2 précisions : La première, personnellement, je mets le terme « ministère » au singulier, même si il est multiple, si il a différentes formes ; quand il s’agit du service à et pour Dieu, il est singulier. Seconde précision : Lorsque Paul écrit :

« En tout premier lieu, je recommande que l’on adresse à Dieu des demandes et des prières, des supplications et des remerciements pour tous les hommes »

Comprenez humains à la place d’hommes, le texte grec est précis ! Cette précision souligne l’universalité « asexuée » de la mission que confie Dieu à tous.

PRIERE

Père,
Rassemblés devant toi, nous te présentons notre monde.
Nous te prions pour tous ceux que tu nous mets en mémoire.
Que ta volonté soit faite.
Nous te remettons tous les peuples de la terre. Tous ces êtres humains que tu considères comme tes enfants.
Que la lumière illumine les temps à venir !
Que ta parole retentisse pour annoncer ta paix !
Nous te remettons celles et ceux qui ont dit oui à ton appel, et qui témoignent de ton amour là où ils se trouvent.
Que chacun reçoive de toi force et joie pour accomplir sa mission, particulièrement dans les lieux où règnent la guerre et la violence.
Nous te remettons chaque personne en souffrance, chaque humain habité par le désespoir et le chagrin, car tu ne prends pas seulement soin de ton peuple, mais de toute créature.
Soutiens le malade et donne-nous la parole qui exprime ce soutien. Encourage le chômeur, celui qui se sent inutile, oublié, et apprends-nous à partager son souci !
Conduis tous les enfants dans l’espérance, par ton Esprit, et aide-nous à transmettre ta promesse avec fidélité !
Dispense ta sagesse à tous les responsables politiques, économiques et sociaux et fais de nous des citoyens attentifs, constructifs, qui mettent l’évangile au cœur de leur vie et du monde.
Au nom de Jésus, notre sauveur et notre frère,

Amen

Jésus aussi s’adresse à tous dans l’évangile de Luc.
Tous sont concernés, tous ont une mission !…
Comme l’écrivait Luther, le premier Réformateur :

Tous les chrétiens appartiennent à l’état ecclésial. Il n’existe entre eux aucune différence, si ce n’est celle de la fonction comme le montre saint Paul en écrivant que nous sommes tous un seul corps, mais que chaque membre a sa fonction propre par laquelle il sert les autres. Ce qui provient de ce que nous avons tous un même baptême, un même évangile, une même foi qui seuls forment l’état ecclésiastique et le peuple chrétien.
En conséquence nous sommes tous absolument consacré par le baptême.
(Luther, Oeuvres, Labor et Fidès, Genève 1986, t.2, p. 79 à 156)

Cette doctrine du sacerdoce universel signifie que c’est le peuple de Dieu en son ensemble et en son sein chaque chrétien qui, à l’image du christ, rend Dieu présent au cœur du monde par ses paroles et ses actes.

Tous, nous avons donc un ministère ! Tous nous gérons la communauté, nos assemblées d’église en témoignent. Derrière ce « tous », c’est plus que la communauté ecclésiale locale qu’il y a ! Tous les humains sont englobés dans ce « tous » ! Le sacerdoce universel de Luther, mais aussi la lettre de Paul et encore les paroles de Jésus, s’adressent à tous les humains. Dieu est le Dieu de TOUS !!! Il a créé tous les humains semblables et égaux devant lui. Aussi, nous qui nous trouvons réunis ici ce matin, avons une grande responsabilité : nous sommes tous serviteurs de Dieu et notre mission est d’aider l’humanité à rendre gloire à notre Père et maître commun. Cette doctrine entraîne trois conséquences :

  • Dans l’Eglise il n’y a pas 2 catégories de croyants, nous sommes tous égaux devant Dieu, nous sommes investis de la même responsabilité vis à vis du maître, notre Père.
  • Tous, y compris les pasteurs et les laïcs (dont font partie les pasteurs), nous appartenons au même ordre. Personne n’est revêtu d’une autorité et de pouvoirs sacerdotaux qui le distingueraient des autres fidèles. Mais chacun à un charisme particulier. Ce dernier est mis en valeur par Dieu lorsqu’il lance son appel par l’intermédiaire de Paul :

2 Il faut prier pour les rois et tous ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie tranquille, paisible, respectable, dans un parfait attachement à Dieu.
3 Voilà ce qui est bon et agréable à Dieu notre Sauveur,
4 qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à connaître la vérité.

  • Si nous devons tous prier, nous sommes tous prêtres. Ce « tous » souligne la communion et non la soumission.

Il faut en effet proclamer et réaffirmer que le ministère particulier qui est accompli par certains d’entre-nous ne nous confère pas une autorité car l’autorité est l’affaire de tous. Ce n’est pas parce que certains sont plus âgés dans une communauté qu’ils sont automatiquement « anciens ».

Si le sacerdoce universel ou les textes bibliques soulignent la responsabilité individuelle de chaque croyant devant Dieu, ils impliquent aussi, en Christ, la relation avec les autres. Dietrich Bonhoeffer, ce pasteur allemand victime de la dictature dans les années 40, a dénoncé vigoureusement l’individualisme auquel peut conduire la doctrine du sacerdoce universel, pour lui, la société du 20e siècle à inversé cette parole de Luther.

« Or, écrit-il, je rencontre le christ dans mon frère et en christ seulement je l’entends. De cette seule manière l’individualisme de l’Eglise est évitée, dans la communauté, l’un devient l’autre. Les membres ne sont pas détachés les uns des autres. »
(D Bonhoeffer, La nature de l’Eglise, Labor et Fides, Genève, 1971, p 76 ss)

D’où l’importance de la parole de chacun mais aussi l’écoute de chacun à l’égard des autres, car seule la diversité des points de vue peut faire surgir le plein relief du christ et nous garder des prétentions individuelles et des dérives sectaires. Aujourd’hui, nous installons dans leurs fonctions de diacres, trois membres nouvellement élus.

Dans notre Eglise, les membres des différentes commissions sont des éléments essentiels du dispositif mis en place pour structurer notre vie commune. Ils ne sont pas comme on le croit trop souvent, à tort, de simples rouages administratifs. Bien au contraire, ils sont des lieux de négociations, de débats, et de décisions communautaires qui permettent l’élaboration permanente du consensus de foi et l’expression concrète de la communion.

Ces commissions sont des lieux où se confrontent les convictions diverses et où se construisent les convictions communes. Les membres de ces groupes locaux, régionaux et nationaux doivent faire preuve personnellement, mais aussi sentir autour d’eux, 4 caractéristiques :

  1. La confiance : Chaque membre qui compose un conseil, a été démocratiquement élu. C’est à dire qu’une assemblée lui a « confié » une responsabilité. Dans « confier » il y a la même racine que « confiance ». Il devra donc faire preuve de confiance vis à vis de ceux qu’il représente mais aura aussi besoin de la confiance et de la prière de ceux qui l’ont élu. Il devra aussi avoir confiance dans le maître qu’il sert !
  2. Le discernement : C’est un processus de discernement qui amène à choisir des personnes en fonction de leurs compétences. La communauté les a discernés en son sein car elle les croit capable d’assumer le ministère qu’elle leur confie. Être membre d’un conseil, n’est ni une dignité, ni un honneur. Ce n’est pas davantage un siège auquel on a droit en vertu de la famille à laquelle on appartient ou de la position que l’on occupe dans la société. C’est un service qui suppose une disponibilité, de la discrétion et une ouverture aux autres.
  3. La collégialité : Une équipe travaille lors de réunions souvent ouvertes à tous, mais parfois à huis-clos suivant les événements. La collégialité est nécessaire au sein de cette équipe, mais aussi avec la communauté qui a élu ces membres. Les résultats des réflexions sont toujours proposés aux assemblées, ils y sont discutés et soit avalisés ou repoussés. La collégialité est à tous les niveaux.
  4. La solidarité : Même si un membre émet une opinion différente des autres, une fois la décision collégiale prise, elle s’impose à tous et chaque membre en est solidaire.

Mais il y a aussi une solidarité de et avec la communauté. Le membre et le conseil dans son ensemble veillera à ne pas se couper de la communauté et l’inverse est aussi d’application. Chacune des parties est en échange constant. Le membre a cette responsabilité et cette faculté d’écoute de la respiration de la communauté. Il la représente ! Il y sera donc attentif.

Celle-ci soutiendra ses représentants et leurs confiera ses attentes et ses remarques constructives. Il s’agit donc d’une communion entre tous. Chers amis, vous le voyez être membre d’une des structures de notre Eglise, est non un mandat politique, mais une mission importante pour notre divin maître.

Mais être membre d’Eglise est aussi important. Car tous nous poursuivons le même but : annoncer le message de l’évangile, annoncer la paix et l’amour en Dieu par Jésus, annoncer l’avènement du Royaume qui vient bientôt. Cela ne peut se faire que main dans la main.

Amen

Bernard Dernoncourt