Prédication apportée par le pasteur Dernoncourt le 10 juillet 2011
Matthieu 12, 34 à 37
1 Jean 3, 13 à 19
Psaume 12, 1 à 9
Le psaume 12 est le deuxième épisode de notre série estivale abordant les écrits psalmodiés.
Ce psaume parle fort !
Son auteur est déprimé et se laisse aller aux sentiments de persécutions !
Mais lorsque l’on est l’objet de railleries et de quolibets de tout genre, n’a-t-on pas tendance à déprimer ?
David, puisqu’il en est le demandeur, était le centre d’attention principale du peuple de Dieu. Quand on est roi, aucun écart n’est toléré ! Mais la chaire est faible, quand on est roi, cela se voit de partout !…
Aujourd’hui encore, la vie privée des personnages médiatiques de tout bord est passée à la loupe par des gens peut-être pas irréprochables !…
Comme le psalmiste ou le roi David, toutes les victimes de ce genre d’attaque aussi destructrice que les armes de guerre, ont envie de crier :
Que le SEIGNEUR retranche toutes les lèvres enjôleuses, la langue qui discourt avec arrogance, (Ps 12, 4)
Heureusement, le style des psaumes conduit très vite vers un message plus positif et réparateur.
Les versets suivant rappellent une parole déjà reçue dans les pages du Pentateuque, des prophètes, des évangiles et des épîtres.
Tous ces écrits rappellent continuellement que Dieu ne supporte pas l’oppression.
D’où le titre de ce message : « Maintenant j’interviens ! »
Il intervient même en personne par Jésus. Ce dernier n’hésite pas à montrer de quel bois il se chauffe. Le chapitre 12 de l’évangile de Matthieu révèle le vrai Jésus qui est Christ, sauveur. Ce sont des mots emplis de sens qui soulignent l’engagement de Dieu :
Vipères, comment pourriez–vous dire de bonnes choses, mauvais comme vous l’êtes ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. (Mat 12, 34)
Enseignement précisé par les apôtres dont Jean :
Mes enfants, n’aimons pas en parole, avec la langue, mais en œuvre et en vérité. (1 Jn 3, 18)
La parole divine est une parole éprouvée, l’action de Dieu est expérimentée, de tels extraits en sont la preuve.
Le psaume 12 veut attester la crédibilité de cette Parole dans un monde où plus aucune parole n’est crédible.
Dans une société qui se cherche mais où tout va mal, retentit une promesse qui n’a rien de neuf, mais que le psaume proclame maintenant.
Cette promesse est source de confiance et de foi, elle n’est salie par aucune fausseté.
Même si les fidèles ne savent avec précision quand sera prononcé le jugement, ils ont la certitude que Dieu s’engage, qu’il entre en action de manière positive pour chacun d’entre eux, d’entre nous.
Une telle certitude met au large, met en marche.
Pourtant, nous avons des difficultés à entrer en action comme le fait Dieu.
Notre rapport à lui est souvent tronqué.
Comme l’écrit le pasteur Gounelle :
Notre rapport avec Dieu se noue à travers un système complexe, et non pas dans un face à face où l’être humain se trouverait en quelque sorte « nu », je veux dire où il ne serait pas entouré, protégé, englobé par une structure qui atténue la confrontation, l’émousse, lui enlève une partie de sa radicalité. Le croyant n’est jamais seul devant Dieu.
À chaque moment, l’Église l’accompagne, s’occupe de lui, l’informe et l’oriente. Elle lui enseigne les exigences de Dieu, lui dit ce qu’il doit faire pour y répondre. Elle lui fournit les viatiques et les consignes nécessaires dans tous les cas ; elle lui donne les moyens de redresser sa situation en cas de défaillance. Elle présente Dieu à la foule des croyants, elle présente le peuple croyant à Dieu. Elle aménage leurs rapports.
Même au moment de la mort, l’être humain ne connaît aucune intimité avec Dieu ; de nombreux tableaux anciens nous montrent l’agonisant entouré par le prêtre, par ses parents et voisins qui prient ou récitent des chapelets à son intention. (…) La mort elle-même s’intègre dans un système d’équilibre de forces et de règles.(1)
Cet extrait d’un discours du professeur et pasteur Gounelle, prouve que Dieu met tout en œuvre pour que ses ouvriers soient dans un environnement positif.
Le croyant fait partie de tout un ensemble dont on ne peut pas le séparer. Il est toujours accompagné, protégé, englobé par le système ecclésial ; jamais il ne s’isole, ne ferme sa porte pour rencontrer Dieu dans le secret.
Mais nous ne le voyons pas ! Nous ne voulons pas y croire !…
Nous préférons trop souvent rejeter la responsabilité de tous les malheurs sur Dieu lui-même en criant comme le psalmiste :
Au secours Seigneur !
Ou
Sauve Seigneur !!!
Notre déception, notre saturation vis-à-vis du monde où toute communication est pipée, falsifiée, se traduit dans les mots du psaume 12.
Comme Jean Chrysostome (2), au 4ème siècle de notre ère, qui prêchait ce psaume, nous voulons crier :
« Tout est du toc »
Déjà à cette époque l’esprit humain déviait le cours de la société et l’esprit des humains.
Aujourd’hui rien n’a changé ! Que du contraire ! La modernité plutôt que de servir l’homo sapiens, l’oppose à lui-même et le conduit à un certain fatalisme qui le rend inerte.
La communication, élément phare de l’aire moderne, est devenue un champ de bataille où tous les moyens sont bons pour s’assurer la domination.
Il n’est pas étonnant que l’ont ait peur des phrases et des mots même de la Bible !
La perte de notre pouvoir d’attention se traduit par la méfiance. Quoi de plus normal
quand on est maintes fois trompés.
Sauve Seigneur !!!
Au lieu de mettre notre confiance dans l’esprit critique, savons-nous faire appel à Celui qui seul peut vraiment nous venir en aide ?
Sa Parole nous donne-t-elle le courage de pousser ce cri qui, nous désolidarisant du mensonge généralisé.
Cet appel constitue le premier acte de la libération !
Parce que les pauvres sont opprimés, parce que les déshérités gémissent, maintenant, dit le SEIGNEUR, je me lève : j’apporte le salut à ceux sur qui l’on souffle. (Ps 12, V6)
Les Pères de l’Eglise ont lu dans ce message l’intervention de Dieu en Jésus. A cause de lui, affirmer que Dieu va faire justice aux victimes du mensonge et des propagandes est plus qu’une promesse pieuse ou qu’une drogue.
Toute l’histoire humaine est jalonnée de faits qui combattent un certain langage.
Prenons la Réforme au 16ème siècle ! Ce mouvement a mis en lumière une parole fiable et libératrice pour une église empêtrée dans le double langage de la piété et des privilèges.
Luther s’est opposé au discours des prêtres qui n’arrêtaient pas de prêcher :
C’est Dieu qui vous sauve !
Cette affirmation s’oppose à ce qu’ils ajoutaient pour terminer :
Achetez votre salut !
Seule la grâce sauve :
L’apôtre Jean dans son épître précise :
Mes enfants, n’aimons pas en parole, avec la langue, mais en œuvre et en vérité. (1 Jn 3, 18)
Seule l’Ecriture contient une Parole divine qui doit être seule tout ce qui compte pour le salut de l’homme.
Dieu prend parti pour l’homme grugé et humilié.
Il intervient avec la force de la bonne nouvelle : un Jésus vainqueur.
Les paroles du SEIGNEUR sont des paroles pures ; un argent éprouvé au creuset de la terre, et sept fois épuré. (Ps 12, 7)
Dieu ne trompe pas, il ne manipule pas ! Il n’a pas d’arrière pensée. Il crée un espace où les paroles vraies sont dites.
Pourtant la lutte n’est pas terminée,
Les méchants se promènent de toutes parts, quand la bassesse s’élève parmi les humains. (Ps 12, 9)
Dieu s’est déjà engagé !
L’appeler au secours, célébrer sa promesse c’est, dans le temps présent, ouvrir une brèche à son action.
Alors en route !
Mais pas comme des vipères, cet animal qui inspire la méfiance.
Soyons des humains, c’est-à-dire des créatures de Dieu et que cela se voit !…
Amen
(1) André Gounelle, L’esprit du protestantisme, sur www.pomeyrol.com
(2) né à Antioche entre 344 et 349, et mort en 407 près de Comana (en), a été archevêque de Constantinople et l’un des pères de l’Église grecque.