Le 7ème jour – jour du repos

« Le 7ème jour est le jour du repos de l’Eternel ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage » (Exode 20,10).

Voilà, il est vrai, un commandement bien agréable !
Mais, quel est ce « repos de l’Eternel » ? Il est cessation (=sabbat) d’un travail.
Lequel ? Le verset 9 précise :

« Tu travailleras 6 jours et tu feras tout ton ouvrage ».

Selon la tradition juive, nous aurions affaire à 2 types d’activités : « Tu travailleras 6 jours » concernant l’exercice d’une profession, le gagne-pain, et « tu feras tout ton ouvrage » faisant allusion aux tâches effectuées à domicile, aux obligations familiales.

Celles-ci sont donc interrompues ou réduites au profit du repos, qui lui-même inclut un troisième type d’activités : le loisir, un travail libre, qui a son importance, vu qu’il procure plus de plaisir. Mais, est-ce tout ?

En fait, le commandement mentionne un 4ème type d’activité, lorsqu’il dit :

« Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier » (V.8).

Le but principal de ce temps mis à part n’est-il pas la « sanctification » du croyant, qui est un travail sur soi-même, au contact de Dieu, un combat avec soi-même et avec Dieu, comme celui de Jacob lorsqu’il devient Israël » (= « qui lutte avec Dieu », Genèse 32,28).

La sanctification est synonyme de purification et de progrès moral. Cette double démarche est de nature à nous libérer de toutes les servitudes et mauvais penchants de la nature humaine. Cette libération, à la fois extérieure et intérieure, donne, en fait, le sens des 10 commandements, comme l’indique le verset introductif d’Exode 20, 2 :

« Je suis l’Eternel ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude. ».

Ce verset qui constitue pour les juifs la 1ère des 10 paroles (Exode 34,28), n’est pas un commandement à proprement parler, mais dévoile l’identité et la motivation de l’auteur de ces Paroles. Celles-ci sont donc libératrices de toutes les forces qui asservissent l’homme et l’empêchent de s’épanouir véritablement.

Prenons un exemple de sanctification dans la Bible : celui de Job.
Sa sagesse, telle qu’elle est sobrement décrite dans le chapitre 1 de son livre, corres- pond aux composantes du jour du repos : loisir et spiritualité.

Ces deux éléments apparaissent dans les versets 4 et 5 qui, dans un premier temps, mettent en évidence la convivialité des enfants de Job :

« Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin et ils invitaient leurs 3 sœurs à manger et à boire avec eux »,

et se poursuivent par un geste moral et cultuel de leur père :

« Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait (version Segond, ou « purifiait » -version Segond 21, Fr courant, Le Semeur, T.O.B.) ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d’eux un holocauste (sacrifice ou offrande) : car Job disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur cœur. C’est ainsi que Job avait coutume d’agir ».

Nous retrouvons plus tard les mêmes composantes chez les premiers chrétiens, lors des agapes (repas communautaires ou fraternels), qui sont accompagnées, à l’époque, par la pratique de la Cène rappelant l’œuvre purificatrice du Christ à la croix.

En commençant, j’ai parlé du « repos de l’Eternel », de la halte qu’il a consentie afin de passer à l’homme le relais de son œuvre accomplie aussi bien dans la nature :

« En 6 jours l’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est conte- nu, et il s’est reposé le 7ème »(Exode 20,11),

que dans l’histoire d’Israël et des nations :

« Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d’Egypte, et que l’Eternel, ton Dieu, t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu : c’est pourquoi l’Eternel ton Dieu, t’a ordonné d’observer le jour du repos » (Deutéronome 5,15) .

Le repos que Dieu s’accorde, non seulement donne l’exemple d’un rythme de vie sain, mais surtout laisse place à une action humaine qui prolonge la sienne, dans une coopération qu’il guide jusqu’à son aboutissement : le Royaume céleste.

Enfin, son repos, c’est la consolation qu’il apporte par Jésus-Christ à sa créature découragée par ses souffrances et ses méfaits, lui permettant de reprendre souffle et de rester sur le chemin où Il l’attire, où Il nous attire.

Jean CHARLES