Paix ! Paix ! disent-ils, alors qu’il n’y a pas de paix. (Jér. 6 : 14b)
Je n’ai pas connu la guerre dans mon pays, ou si peu : quelques jours après le débarquement de Normandie, je débarquais aussi, à Lodelinsart ou, plus officiellement, à Charleroi puisque les Allemands avaient déjà fait le grand Charleroi.
Mais je me suis inquiété d’autres guerres, lointaines, et je sais quel soulagement, quelle joie, ce fut quand on a pu annoncer la fin de la guerre d’Algérie, la fin de la guerre du Vietnam et j’imagine que le 11 novembre 1918, les mêmes sentiments furent éprouvés.
Soulagement, certainement. Quand, enfin, les conditions de vie tellement précaires vont se stabiliser et que l’on peut penser à rebâtir et à se reconstruire. Joie ? Sûrement chez les vainqueurs qui, de plus, ont pu imposer leurs conditions. Mais chez les vaincus ? Avec quels sentiments acceptent-ils leur défaite et les conditions qu’on leur impose?
Quand les armes se taisent, l’on se promet aussi : Plus jamais ça… Et on recommence quelques décennies plus tard. C’est qu’une paix qui n’est pas assortie de justice et de réconciliation porte en elle les semences des prochaines hostilités.
La bonté et la vérité se rencontrent ; la justice et la paix s’embrassent. (Ps. 85 : 11)
Si l’armistice de 1945 a tenu, c’est parce que, dans son sillage, s’est développé un mouvement pour le rapprochement – purement économique d’abord – des adversaires historiques. Et nous avons assisté à ces différents élargissements quant aux objectifs et aux partenaires, élargissements qui ont complètement bouleversé les antagonismes d’autrefois : France et Allemagne sont devenus de solides partenaires, le Rideau de Fer est tombé.
La paix s’est-elle généralisée pour autant ? Il existe maintenant quantité de lieux, assemblées ou organismes, où des adversaires peuvent se rencontrer pour tenter de régler leurs différends. En dépit de quoi, il reste des guerres civiles, des mouvements terroristes, des poches de piraterie…
Et la guerre économique qui ne dit pas son nom, cette guerre que se livrent des puissances financières est en train de projeter dans la pauvreté quantité de ceux qui étaient en position d’équilibre un peu juste. Pour un meilleur profit, on délocalise, tous les salaires sont rabotés, les cadences augmentées, les performances attendues à la hausse… C’est question de vie ou de mort pour l’entreprise.
Qui sonnera l’armistice de cette guerre-là ? Les victimes en sont chaque jour plus nombreuses. La caravane des Indignés parcourt le monde. Elle n’a pas de solution, mais elle pose de vraies questions.
Si vous réformez votre conduite et vos actions, si vous pratiquez la justice les uns à l’égard des autres ; si vous n’opprimez pas l’étranger, l’orphelin et la veuve, et ne répandez pas dans ce lieu le sang innocent ; si vous ne courez pas après les dieux étrangers pour votre malheur, alors je vous laisserai habiter dans ce lieu et dans ce pays… (Jér. 7 : 5-7)
Pasteur Daniel VANESCOTE