La période estivale qui s’achève doucement est, en principe, favorable à la santé, de par l’ensoleillement maximum et le loisir des vacances. Bien-être et décontraction, dépaysement et contact renoué avec la nature ne peuvent que nous régénérer et agir positivement sur notre santé. D’où l’idée d’examiner ce que la Bible, ainsi que la culture juive, ont exprimé, dans les grandes lignes, sur ce sujet, qui occupe une place non négligeable dans toutes les religions.
Dans la première partie de la Bible, c’est-à-dire la loi de Moïse, la santé est envisagée sous l’angle de l’hygiène corporelle et alimentaire.
Les juifs se basent sur Genèse 1.27a : « Dieu créa l’homme à son image », pour affirmer que le corps est aussi une image de Dieu, dont il faut par conséquent entretenir la propreté. 1 Corinthiens 6.19 souligne le lien, l’interaction du corps et de l’esprit et plus précisément du Saint-Esprit que Dieu a mis en nous : « Ne savez-vous pas que le corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ?» (version Segond traditionnelle). L’usage qui est fait du corps doit servir et non entraver l’action de l’Esprit.
Dans un premier temps, voici un aperçu des règles pratiques inspirées de Moïse que nous trouvons dans le talmud ( Le talmud par A.Cohen, Payot, 1982,p.297-320).
Au début de la journée, il faut se laver les mains avant d’offrir ses prières à Dieu. Marc 7.1- 4 fait allusion à l’usage de se laver les mains avant un repas, de laver les récipients utilisés pour le repas, de rincer les coupes avant et après avoir bu : « Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de Jésus. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavés soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens ; et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu’après s’être purifiés. Ils ont encore beaucoup d’autres observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d’airain. »
On précise que la propreté prévient les maladies, surtout par le lavement des yeux le matin, des mains et des pieds le soir. On conseille d’apprendre à nager aux enfants notamment pour leur donner le goût de l’eau.
Passons à l’alimentation. La modération est préconisée : manger jusqu’à un tiers de la capacité de l’estomac, boire de même et laisser un tiers vide. Après 40 ans, il est plus important de boire que de manger. Normalement, le peuple prenait deux repas par jour à l’époque biblique, le repas du matin pendant le travail et le repas du soir à la maison. Un 3ème repas était pris le jour du sabbat.
En voyage, il faut se contenter de la ration habituelle en temps de famine.
La base de l’alimentation est le pain, surtout le matin. Le repas du matin met en forme. Il faut boire de l’eau après avoir mangé, notamment du pain, et après tout breuvage. C’est bon pour la digestion, ainsi qu’une petite marche. La viande est autorisée. A l’époque biblique, elle est un luxe. La masse du peuple est surtout végétarienne (sauf lors des fêtes).
On ne doit pas prendre l’habitude d’absorber des médicaments, éviter de se faire arracher les dents, ne pas habiter dans un lieu où il n’y a pas de médecin.
Un beau passage du livre du Siracide (ou Ecclésiastique) nous parle des rôles du médecin et du pharmacien : ch.38.1-2a, 4-5 , 6-10, 12, 14 (version du chanoine Crampon, 1960) :
« Honore le médecin en vue de tes besoins , car, lui aussi, c’est le Seigneur qui l’a créé. C’est du Très-Haut, en effet, que vient la guérison. Le Seigneur a créé de la terre les médicaments, et l’homme sensé ne les repousse pas. Un bois n’a-t-il pas adouci les eaux? (Exode 15.23-25a, version Segond). C’est lui aussi qui a donné aux hommes la science pour se glorifier dans ses merveilles. Par eux on guérit et enlève la douleur. Le pharmacien en fait des mixtures, et son oeuvre est à peine achevée que par lui la paix se répand sur la face de la terre. Mon fils, si tu es malade, ne sois pas négligent, mais prie le Seigneur et il te guérira. Évite les fautes et redresse tes mains, et purifie ton cœur de tout péché. Puis fais place au médecin, car, lui aussi, le Seigneur l’a créé, et qu’il ne s’éloigne pas de toi, car tu as besoin de lui.
Car eux aussi prieront le Seigneur, afin qu’il accorde le soulagement et la guérison pour la vie du malade. »
Ce dernier passage offre une belle transition avec le N.T. où la prière de guérison joue un rôle important avec Jésus et ses disciples.
Mais d’abord, relisons les conseils pratiques combinant savoir-vivre et sobriété contenus dans le Siracide : ch.31.12, 16-22, 25, 27-30 (version Crampon) :
« As-tu pris place à une table considérable, n’ouvre pas sur elle ton gosier, et ne dis pas : « Combien de choses là-dessus » ! Mange, comme il convient à un homme, ce qui est devant toi, et ne mâche pas avec bruit, de peur de te rendre odieux. Cesse le premier par bonne éducation et ne sois pas insatiable de peur d’une faute. Si tu es assis en nombreuse compagnie, n’étends pas la main avant les autres. Qu’il suffit de peu à un homme bien élevé ! Aussi, sur sa couche, il respire librement. Le sommeil sain est pour l’estomac sobre ; on se lève le matin et on a l’esprit à soi. Insomnie et coliques sont pour l’homme intempérant. Si l’on t’a forcé à prendre trop de nourriture, lève-toi, promène-toi, et tu seras soulagé. Écoute-moi, mon fils, et ne me méprise pas, et tu finiras par saisir mes paroles. Dans toutes tes actions, sois diligent, et aucune maladie ne te surviendra.
Ne fais pas le brave avec le vin, car le vin en a fait périr beaucoup.
Le vin est comme la vie pour l’homme si tu bois dans la juste mesure. Quelle vie a celui qui manque de vin, puisqu’il a été fait pour réjouir les hommes ? Allégresse du cœur et joie de l’âme : tel est le vin pris à temps et suffisamment. Amertume de l’âme est le vin bu en abondance, produisant excitation et faux pas.
L’ivresse accroît la fureur de l’insensé et le fait tomber ; elle diminue les forces et provoque des blessures. »
Un dernier aspect associe santé et bonne humeur, toujours dans le Siracide, ch.30.21-25 :
« Ne t’abandonne pas à la tristesse, et ne te tourmente pas par tes délibérations. La joie du cœur est la vie de l’homme, et l’allégresse de l’homme longueur de jours. Aime ton âme et console ton cœur, et chasse loin de toi la tristesse ; la tristesse en a tué beaucoup, et elle ne procure aucun avantage.
L’emportement et la colère abrègent les jours, et les soucis amènent la vieillesse avant le temps.
Le cœur « réjoui » (T.O.B.) et bon veille à la nourriture et il prend soin de ses mets. »
Tournons- nous maintenant vers l’enseignement de Jésus et des apôtres relatif à la santé que nous trouvons assez bien concentré dans les derniers versets (13 à 20) de l’épître de Jacques.
Ce passage fameux nous dit notamment : « Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance ? Qu’il prie. Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et que les anciens prient pour lui. Priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficacité. » (Version Segond).
La prière, c’est-à-dire un contact plus intime avec Dieu, agit à la fois sur le moral du souffrant et sur son état général, dans une mesure dont on ne connaît pas la limite. Cette prière est à la fois personnelle et communautaire. Elle est aussi fervente, venant d’un « juste », c’est-à-dire d’un croyant sensible à la compassion divine et l’éprouvant lui-même à l’égard de ses frères.
Écoutons pour terminer la louange du Psaume 103, les versets 1-5, en français courant, qui évoque prophétiquement l’œuvre du Christ :
« Je veux dire merci au Seigneur, de tout mon cœur je veux remercier le Dieu saint. Oui, je veux remercier le Seigneur sans oublier un seul de ses bienfaits. C’est lui qui pardonne toutes mes fautes, guérit toutes mes maladies, m’arrache à la tombe, me comble de tendresse et de bonté.
Il remplit ma vie de bonheur, il me donne une nouvelle jeunesse ;
je suis comme l’aigle qui prend son vol. »
Jean CHARLES