Aujourd’hui, nous avons l’occasion durant ce culte de penser plus particulièrement à la création et à sa place pour nous, à sa place dans nos priorités, à sa place en vue de nous conduire à Dieu.
Je vous épargnerai ce matin les nouvelles alarmistes nous rappelant une nouvelle fois combien la terre, notre terre, cette planète va mal. Combien depuis ces 100 ou peut être devrais-je dire depuis ces 50 dernières années la terre s’est considérablement dégradée. Depuis la révolution industrielle, il y a une bonne centaine d’années, ou plus récemment depuis que le monde a perdu nombre de ses repères.
Oh !, je ne cherche pas à faire reposer la faute sur nous ; d’ailleurs quelle faute ? … En tout cas, une chose est sûre, la place de la nature, de la création, a perdu de son importance au profit de bien d’autres choses qui ne nous conduisent pas, plus, ou beaucoup moins, vers Dieu. Et ce n’est pas tout : comme certains spécialistes en parlent, au travers de cela c’est un désenchantement du monde qui se produit … et cela se marque probablement encore par les passages que nous pouvons lire.
En Esaïe 35, 4-7 (version Louis Segond) 4 Dites à ceux qui ont le cœur troublé : Prenez courage, ne craignez point; Voici votre Dieu, la vengeance viendra, La rétribution de Dieu; Il viendra lui-même, et vous sauvera.
5 Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, S’ouvriront les oreilles des sourds; 6 Alors le boiteux sautera comme un cerf, Et la langue du muet éclatera de joie. Car des eaux jailliront dans le désert, Et des ruisseaux dans la solitude; 7 Le mirage se changera en étang Et la terre desséchée en sources d’eaux; Dans le repaire qui servait de gîte aux chacals, Croîtront des roseaux et des joncs.
Et en Marc 7, 31-37 (Version Louis Segond) 31 Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole. 32 On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains. 33 Il le prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa propre salive; 34 puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit : Ephphatha, c’est-à-dire, ouvre-toi. 35 Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très bien. 36 Jésus leur recommanda de n’en parler à personne; mais plus il le leur recommanda, plus ils le publièrent. 37 Ils étaient dans le plus grand étonnement, et disaient : Il fait tout à merveille; même il fait entendre les sourds, et parler les muets.
Qui d’entre nous ose encore se plonger dans ces récits postexiliques racontant le rêve, la révélation d’un nouveau monde, ou devrais-je dire en langage biblique, croire en l’apocalypse proposée par Esaïe ?
Aujourd’hui Esaïe nous paraît bien loin et nous ne faisons plus de ce texte comme d’autres textes un élément de référence, un but à atteindre, une espérance à nos vies …. Pourquoi ?
Et plus largement, pourquoi le monde qui nous entoure est-il victime du même désintérêt ?
Ici, la cause est simple, et nous sommes, ou nous en devenons de plus en plus victimes, semaine après semaine. Il y a un désintérêt de plus en plus grand pour la nature, pour sa beauté et ses merveilles.
Combien de temps passons-nous encore à nous balader dans des parcs ? Combien de temps passons-nous à observer les mystères de la création ? Savons-nous encore expliquer à nos enfants ou petits-enfants le processus de croissance d’une fleur ? Ou pensons-nous, nous aussi, que le lait vient des usines, que les tomates n’existent qu’en serre, comme les fleurs d’ailleurs ?
C’est là qu’intervient Esaïe. Il le dit au peuple et nous le dit aussi à nous qui réalisons, à nous qui commençons à nous affoler : Soyez forts, ne craignez pas. Un espoir et une restauration vont venir de la part de Dieu.
Rappelons-nous, Esaïe est précisément dans un contexte où tout est en train de mourir autour de lui, où le peuple d’Israël est déporté, où les peuples environnants sont décimés. Ainsi, après avoir annoncé le chaos qui allait régner sur la terre, nous sont annoncées l’espérance, la re-création, la vie nouvellement possible.
Actuellement, dans une certaine mesure, nous nous trouvons dans pareille situation. Mais le voyons-nous seulement ? Nous sommes à peine sortis d’un weekend, revenus de vacances, rentrés d’un séminaire, que déjà les mines fatiguées se redécouvrent sur les visages, oh, pas par manque de sommeil, mais par manque de verdure.
Aujourd’hui, nous avons fermé nos yeux aux merveilles de la nature qui peuvent nous révéler des facettes de Dieu. Aujourd’hui, nous avons fermé nos bouches aux produits naturels qui peuvent nous permettre de goûter les bontés de Dieu, pour manger du chimique. Aujourd’hui, nous avons fermé nos oreilles aux chants des oiseaux et aux bruits des arbres qui peuvent nous conduire à entendre la voix de Dieu, pour ne plus entendre que par nos écouteurs, ou que les bruits des voitures.
C’est à une pareille situation que le peuple d’Israël au temps d’Esaïe est confronté. Il s’est détourné, il a détourné son cœur de Dieu, pour regarder à d’autres dieux, pour goûter à d’autres plaisirs, pour écouter le son sonnant et trébuchant de l’or.
Seulement, après avoir vécu tout cela, le peuple s’en retourne à Dieu, cherche une échappatoire à ce temps de désolation et c’est dans ce contexte que notre chapitre 35 d’Esaïe est écrit. Ici, c’est plus qu’un espoir qui est donné, c’est tout un programme où les zones desséchées et brûlées reprendront vie, où de nouveau il sera possible de voir, d’entendre et de goûter Dieu.
C’est ce qui nous est aussi proposé : nous avons l’occasion de regarder cette création de Dieu, et à nous en réjouir, pour qu’ainsi, par son intermédiaire, nous puissions le re-découvir, le laisser se faire voir, et avoir de nouveau accès à une porte menant à lui.
Prendrons-nous le temps de regarder aux mystères de la création, prendrons-nous le temps … pour peut-être voir Dieu au travers de la nature … et plus encore, prendrons-nous le temps de changer nos habitudes de vie pour accorder du temps à la création ?
Au temps d’Esaïe le peuple a dû changer son comportement, changer ses habitudes, il a dû arrêter de se confier dans les puissances matérielles, dans les pays et états plus forts et puissants qui pourraient un jour le délivrer … pensons à l’Égypte pour eux … Mais quel est notre Égypte ? Quels sont ces objets dans lesquels nous plaçons notre confiance plus que nous ne la plaçons en Dieu ?
Tel a été le cheminement de vie du peuple au temps d’Esaïe, alors qu’ils étaient en exil. Nous n’avons peut-être pas été déportés en kilomètres et pourtant, nous nous sommes, au fil des années, déportés des mystères de Dieu, au monde matériel et rationnel .
Quand ferons-nous le chemin inverse comme du temps d’Esaïe?
Aujourd’hui, de notre changement dépend le changement du monde. Les mystères de Dieu sont-ils perdus à tout jamais sous un monticule de rationalisme ? Dieu n’a pas perdu espoir, il nous dit soyons forts, ne craignons pas.
Au fil de ces semaines reprenons la main sur nos agendas, accordons-nous le temps de redécouvrir la création et ses mystères, accordons-nous le temps de voir d’entendre et de goûter aux miracles de la création :
Où, quand la nature paraît être morte complètement brûlée, resurgit la vie
Où, quand un arbre a été coupé, une nouvelle tige finit par réapparaître
Où, quand la terre paraît ne plus être bonne à rien, d’une petite graine de moutarde plantée peut quand même surgir un grand arbre.
Où, quand les fleurs se meurent à une saison, c’est pour laisser place à un fruit.
Voilà quelle promesse Dieu nous fait aujourd’hui, celle d’un Dieu qui dit « Ephphatha » encore aujourd’hui, qui dit « ouvre toi », comme Jésus l’a dit à l’aveugle et au muet.
La création nous est donnée afin que nous agissions en bon garants pour elle, pas seulement pour qu’elle produise mieux ou plus, mais aussi pour qu’elle laisse toujours entrevoir la présence et les agissements de Dieu.
Dieu s’est laissé voir au travers de sa parole. L’avez-vous vu au travers de ces fleurs, de cette terre, de cette eau et de ces fruits ? Dieu est d’une grande beauté, fertile et pouvant donner vie, capable de produire et de se démultiplier.
Resterons-nous en exil loin de notre terre, loin de la création, loin de Dieu ? Ou changerons-nous notre façon de voir ce monde, croirons-nous de nouveau aujourd’hui aux miracles de Dieu, aux mystères de la création ?
Le Seigneur nous dit « Ephphatha …. Ouvre-toi …. »
Osons croire à ce changement possible … et ouvrons-nous à Dieu, aux mystères de la création.
Amen
Marie-Line Demeuse,
Pasteur proposante