Au cœur de la foi, la Résurrection

On aurait souvent tendance à l’oublier, mais la foi et la prédication de la première communauté chrétienne, n’est née et ne s’est inscrite qu’à l’horizon du grand événement qu’a constitué pour elle la Résurrection de Jésus-Christ. En témoigne de manière éminente ce qui apparaît comme l’un des plus anciens Credo de l’Église, dans lequel Paul rappelle aux Corinthiens cet Évangile qu’il leur a transmis : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé […], que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ; et qu’il est apparu à Céphas, puis aux douze. » (I Cor 15 :1-5).

Toutefois, si l’existence de l’Église est ainsi liée de part en part à la résurrection du Christ, il faut bien avouer aussi que les évangiles rapportent, de manière unanime, la perplexité dont les disciples avaient fait preuve lorsque celui-ci leur avait annoncé sa mort et sa résurrection : « ils n’y comprirent rien ; ces paroles leur restaient cachées ; ils ne savaient pas ce que cela voulait dire » (Luc 18 :34). Aussi, cet état d’esprit des disciples explique bien le profond désarroi qu’ils ressentirent face à la mort de Jésus. Par crainte et par déception, ils avaient fui Jérusalem pour retourner en Galilée. Que pouvaient-ils donc attendre ? Le matin de Pâques, l’attente et l’espérance de la résurrection n’aura pas été, en définitive, pour eux. Et lorsque les femmes s’en retourneront du tombeau vide pour annoncer la stupéfiante nouvelle aux Onze, leurs paroles leur apparaîtront « comme une sottise », si bien qu’ils ne voudront pas les croire (Luc 24 :11). Tellement incroyable est cette « résurrection d’entre les morts » que même en présence du Ressuscité, les disciples auront tout le mal du monde à s’en convaincre (Marc 16 :14).

Pourtant, comme au matin de Pâques, nous pourrons toujours nous émerveiller et être stupéfaits de ce que Celui qui était mort, est ressuscité et vivant ! En tant que chrétiens, notre foi n’a pas d’autres lieux, d’autre origine que cet étonnement et cet émerveillement premier. En tant que chrétiens, en tant qu’Église, nous sommes réellement de ses filles et de ces « fils de la résurrection » dont parle l’Évangile (Luc 20 :36). Sachons nous en souvenir et nous en réjouir, car naître d’un étonnement et d’un émerveillement, quoi de plus beau ?

Pasteur Patrick Evrard