Qui aime se sentir vulnérable ?

Dimanche 26 décembre 2010 : Culte du lendemain de Noël
Matthieu 5, 3 à 12

Poème
Le monde change

De Jean Guilmot (Paroles de jeunes, n°2)

Que le monde a changé
Les qualités humaines
Ne sont plus respectées
Et l’amour devient haine.

Là où trônait la politesse
Règne aujourd’hui l’arrogance.
Fini le temps des gentillesses
La méchanceté a préséance.

Le dialogue tant usité
De nos jours n’a plus de sens
Car plutôt que d’hésiter
L’homme emploie la violence.
Quant à la solidarité
Cette qualité immense,
Elle aussi nous a quitté
Remplacée par l’indifférence.

Dans ce monde dit moderne
Fini le romantique,
Le rêve devient si terne,
C’est l’ère de la technique.

Les grands principes mêmes
De notre bonne démocratie,
Sont bafoués à l’extrême
Cédant la place à l’anarchie.

Oui, le monde a changé
Mais en y réfléchissant,
Fallait-il tout bouleverser ?
Est-il meilleur maintenant ?

Qui aime se sentir vulnérable ?
Personne bien sûr !!!
Même pas le plus petit, le plus jeune, d’entre nous.

Pourtant, nous sommes tous vulnérables et Dieu le sait !
Il nous a créés comme des créatures tirées de la terre et traversées d’un souffle de vie simple et mystérieux, mais cette vie là peut-être blessée, abîmée, réduite, fracturée. Elle est en effet soumise aux méfaits du temps et des aléas de l’existence.
Nous ne durons qu’un temps sur la terre !…
Malgré cette certitude, notre fin fait peur ! Aussi pour éviter d’y penser, nous passons la majeure partie de ce temps terrestre à masquer la certitude.
L’humain est même devenu maître dans l’art de dépasser cette condition.
Cela commence dès l’école, où l’on s’invente des superpouvoirs pour vaincre les autres.
Ce jeu continue toute la vie !
Nous bâtissons des empires personnels où l’autre est interdit d’accès.
Notre plan de vie est :
Toujours plus haut !!! Toujours plus fort !!! Toujours plus vite que l’autre !!!
Pour cela tous les moyens sont permis ! Et si l’on est fort et puissant (en termes d’argent bien sûr), le gigantisme fait partie intégrante du plan.
N’y a-t-il pas là un orgueil démesuré ?
D’autant que dans ce système, les limites sont vite apparentes et créent des différences.
Relevons la différence la plus flagrante :
Les faibles et les forts
Depuis que l’humanité existe, cette différence est présente. Dieu le sait et cela le peine !…
Il n’a pas voulu cela !
Il ne veut pas que le dernier de classe, le pas « formaté sur le modèle gagnant » n’ait aucune chance de rester dans la course et qu’il échoue ou qu’il soit la risée des « élus du système ».
Dieu, en bon père qu’il est, ne veut pas qu’une telle différence crée des conflits et que les derniers soient éliminés. Pour lui, dans la conception de sa création, dans les enseignements des prophètes puis de Jésus et des apôtres, une telle situation est considérée comme grave.
Dans le Royaume qu’il promet tous les vivants sont égaux et ont les mêmes égards.
Quand lui-même se présente à nous, c’est dans la peau d’un nourrisson, la première forme humaine, la forme ou il n’y a pas de classe sociale.
Bien qu’il connaisse les humains, il grandit comme eux pour mieux les comprendre et partager les épreuves de la vie, même les plus violentes comme l’obligation de quitter sa terre pour rester en sécurité.
Il est vrai que pour Dieu, il n’y a ni violence, ni ironie car il est poète et il vient chanter la vulnérabilité du système humain.
Oui, Dieu est poète et heureusement pour nous !
Dieu est devenu chant ; il a pris corps et voix en Marie et est devenu un des humains, un être vulnérable !
Le tout grand est devenu tout petit.
Jésus est né !…
Nous savons que ce bébé est devenu adulte. Nous connaissons son niveau social ! Si nous avions vécus avec lui, beaucoup l’auraient rejeté.
En grandissant, il a acquis l’esprit de son véritable père. Son message est donc devenu poème de combat. Un combat qui doit effacer la différence !
Et il chante ce que Dieu pense.
Aujourd’hui, il chante sur une musique d’aujourd’hui.
Aujourd’hui c’est par la bouche des jeunes qu’il crie.
Ecoutez :

TEXTE RAPPE

Jésus a grandi ; il est devenu un grand prophète,
Il n’avait ni armée, ni argent, ni Eglise pour convaincre ;
Il a marché, il a parlé, il a guéri ;
Il a rencontré les gens, chacun avec un même amour,
Il a annoncé un drôle de bonheur,
Un bonheur décalé,
Un bonheur dérangeant, ébouriffant.
Ecoutez plutôt :

Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux !

Quoi !!! N’importe quoi !… Tout le monde sait bien que les riches sont plus heureux !…
Ils sont les rois et règnent sur tous les gens ! Leur argent règne sur le destin de tous !
Le pouvoir est à eux !!!

Mais non ! Heureux les pauvres ! En marche ceux qui ont les mains vides !
En marche les simples, ceux qui sont libres et ne dépendent de rien !
Ceux qui aident leurs voisins parce qu’ils n’ont rien !!!
Ceux dont le bonheur n’est pas dans un compte en banque,
Ou dans leurs propriétés,
Ou dans leur intelligence !
Oui ! Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux !…

Heureux ceux qui aiment la justice, car la justice sera avec eux.

Tu t’fous d’nous !!! Regarde le monde !…
Heureux ceux qui divisent, car ils seront les maîtres.
Heureux ceux qui mentent et qui volent car ils seront fort !…
Heureux ceux qui règnent avec leurs armées et leurs armes,
car ils seront puissant et invulnérable !
Heureux ceux qui pensent à leur intérêt,
Car rien ne s’opposera à eux.

Mais non ! Heureux ceux qui aiment la justice !
Debout, toi qui veut faire un monde différent !
Un monde où tous les meufs sont respectés et écoutés !
Où y a plus de policiers n’y d’étrangers !
Où tout le monde est égaux !!!
Finis la misère, la torture et les viols !
Finis les bas salaires, les ghettos, le chômage et les élections truquées !
Debout ceux qui résistent à toutes les puissances et qui veulent un monde meilleur !
Debout ceux qui n’ont pas peur de risquer leur vie pour sauver celle des autres !
Debout ceux qui ne veulent pas de l’ordre établi par la société de consommation,
Par la religion, par la tradition, par la famille !!!
Le Royaume des cieux est leur maison !
Dieu est avec eux !!!

Vous l’entendez, encore aujourd’hui les paroles apaisantes de Jésus sont mal interprétées et surtout pas appliquées, simplement parce qu’être l’égal de l’autre n’est pas réalisable. Car personne n’aime se sentir vulnérable…
Dieu n’en baisse pas les bras pour autant. Sa force n’est pas dans la défaite. Que du contraire, il continue à être présent dans l’humanité, il agit encore en elle. Cela ne se voit pas toujours, mais il le fait.
Il y a 3000ans il sauvait un petit peuple de l’esclavage.
Il y a 2000 ans, il prenait forme humaine et devenait Jésus. Un bébé qui naît chez les faibles. Et qui a une mission importante.
Aujourd’hui il nous donne l’espérance, la paix et l’amour pour agir dans notre monde.
Aujourd’hui Dieu chante pour éteindre notre peur !
Aujourd’hui Dieu devient parole vive pour atteindre notre cœur.
Aujourd’hui Dieu slam avec nous pour nous convaincre que notre force est dans notre faiblesse.
Aujourd’hui il chante de son souffle divin des mots brûlants et de douceur pour nous libérer de notre folie des grandeurs qui cause trop de malheurs.
Heureux ceux qui acceptent leurs faiblesses car ils agiront avec amour.
Heureux ceux par qui le monde est appelé à changer.
En marche ceux qui ont soif de paix de justice et d’équité.
Heureux les vulnérables, les blessés de la vie : Dieu vient chanter leur chant pour le bonheur de tous !

Amen

Bernard Dernoncourt,
Pasteur EPUB Charleroi