La Réformation hier et aujourd’hui

Le mouvement de la Réformation, qui a secoué l’Europe du 16ème siècle, n’était pas sans rapport avec l’évolution générale de la société occidentale. Celle-ci était fortement conditionnée par l’Eglise, dont le Moyen Age avait été l’âge d’or.

La société médiévale était dominée par la noblesse. L’Eglise était bien intégrée dans cette société avec notamment le pouvoir politique des papes depuis Grégoire le Grand, aux 6ème et 7 ème siècles, celui de princes-évêques et d’abbés-comtes … La majeure partie de la population était constituée par la classe paysanne, non instruite. Le monachisme, très développé, assurait la quasi totalité de la vie religieuse, culturelle (écoles pour les clercs) et sociale ou caritative (hôtels-Dieu, léproseries).

Les Temps Modernes qui pointent à l’horizon (16ème siècle) voient l’essor d’une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, basée dans les villes et comprenant les artisans-commerçants, qui eux, accèdent à l’instruction.

Une culture non monastique se développe qui, tout en restant en général d’inspiration chrétienne, se distancie de l’idéal centré sur l’ascétisme (célibat – jeûne), privations dans un but de sanctification, de consécration. Le nouveau courant est l’Humanisme qui, lui, vise plutôt l’épanouissement de l’individu.

Le protestantisme va suivre certaines de ces orientations nouvelles en développant le rôle des laïcs dans l’Eglise, en généralisant la lecture de la Bible grâce à l’invention de l’imprimerie, ce qui va entraîner l’instruction gratuite pour tous, assurée selon les cas par les pouvoirs publics ou l’Eglise elle-même, et la participation à la prière collective dans le culte par le chant d’assemblée.

Ce bref survol nous amène au temps présent. L’un des aspects importants de l’Eglise actuelle est certainement l’œcuménisme, à la fois inter-protestant et inter-chrétien. Cette préoccupation plus collective dans le domaine de la foi peut être éclairée par le thème du messianisme tel qu’il apparaît notamment dans le livre du prophète Esaïe, sous ses deux aspects, celui du « serviteur souffrant de l’ Eternel » ( Esaïe 53) et celui du Messie triomphant (« Le loup paîtra avec l’agneau », etc …).

Le premier aspect, vécu par Jésus, met l’accent sur la sanctification par la Parole, tandis que l’autre met davantage en exergue le volet social et même politique ou législatif, visant à promouvoir une société régie par les préceptes bibliques à l’image d’Israël sous la Royauté et dans la perspective du Millénium de l’ Apocalypse (chapitre 20.)

Les deux dimensions doivent se compléter, mais l’une est le moteur principal mis en oeuvre par Jésus, la sanctification, que la tradition chrétienne médiévale a voulu concrétiser par le monachisme ou en s’inspirant de ce modèle.

La tradition protestante visera le même objectif de sanctification par la lecture biblique, la prière individuelles et communautaires. C’est ce que nous retrouvons, en somme, dans la formule « Ecclesia reformata, semper reformanda » (Eglise réformée, toujours à réformer). Réformée en ramenant tous les fidèles au plus près de la source :

« Tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (1 Timothée 4, 5).
« Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais pas une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1, 23).

En n’oubliant pas qu’une source n’est pas un étang, elle coule continuellement, nous entraînant toujours plus loin, depuis le filet d’eau jusqu’au grand large, dans une Eglise toujours à réformer, qui progresse.

Ajoutons qu’une conséquence visible par tous de l’ éducation biblique est le nombre important, notamment dans le protestantisme, de personnes engagées dans des professions à caractère humanitaire : éducatives, médicales et sociales. Egalement, au plan de l’instruction générale, l’importance accordée dans les pays de culture protestante aux formations pratiques, technologiques, qui a un certain fondement biblique : Jésus et l’apôtre Paul, comme la plupart des rabbins de leur temps, avaient une formation artisanale aussi bien que religieuse.

Voici, je crois, quelques matières à réflexion et … à réactions.

Jean CHARLES