Simple bonne résolution ou projet ? Je retourne la question dans ma tête depuis quelques jours. La frontière est ténue entre les deux.
Le projet ne serait-il pas de me travailler pour ne plus porter attention aux regards des autres sur les fluctuations de ma silhouette ?
Notre vie est émaillée de bonnes résolutions, prises surtout aux alentours du 1er janvier.
Résolutions souvent non suivies d’effets ou abandonnées après quelques jours.
Pourquoi ? Sont-elles, au fond de nous-mêmes, peu fondées, peu importantes ? Sommes-nous réellement convaincus de leur nécessité ?
Et les projets ? Ils subissent le même sort. Chaque matin, nous projetons un programme pour la journée, même si ce n’est qu’une suite de petits travaux, répétitifs, habituels.
On peut se tenir au programme ou se laisser distraire par le moindre imprévu, on peut baisser les bras par ennui, lassitude, paresse…
Voilà pour le train-train quotidien, pour les mini-projets, pour les agendas, pour les plans de travail tout simples.
Il est probable que, pour la majorité des gens, la vie ne sera faite que de ce genre de projets.
Manque d’idées, de formation, de moyens physiques, mentaux, pécuniaires ?
Grands projets, grands travaux. Préparation minutieuse, ambitieuse. Un projet unique peut occuper toute une vie : action sociale, politique, artistique, littéraire, humanitaire, philosophique… On est prêt à tout sacrifier pour la réalisation de son projet et je pense soudainement à Bernard Palissy brûlant tout son parquet dans sa recherche d’imitation de la porcelaine chinoise. Projet-passion et pourtant il ne réussira pas à recréer cette matière qui l’a fasciné. A-t-il pour autant perdu sa vie ? Évidemment non, me direz-vous, d’autant qu’il avait d’autres cordes à son arc et aussi des convictions à défendre.
L’absence de projet est inquiétante, signe d’un mal-être certain, d’une absence d’ambition, de courage peut-être, d’énergie. Signe de dépression ?
On se laisse porter par les événements, on se laisse couler dans la masse, on se laisse emporter par la foule, on n’a plus envie de construire, on subit sa vie sans en être l’acteur.
On laisse le soin au sort de décider pour soi, on devient fataliste. « Cela ne sert à rien ».
Pour les Églises, l’absence de projet peut être fatale : on se laisse vivre dans le contentement de ce qu’on est. On consomme du prédigéré, du facile, on ne se laisse pas perturber par la marche du monde, on s’enroule dans la couette confortable des liens d’amitié, on manque d’ambition, d’audace, de vaillance. On se repose sur Jésus (il y a même un cantique qui le chante !) et pour finir on s’endort tout à fait. Jésus ne nous a jamais dit de roupiller dans son sein, mais de marcher à sa suite, de prendre sa croix et de le suivre !
Les projets d’Église bien pensés, rassemblant un consensus, sont fédérateurs, attirants, source d’énergie, de dynamisme, de vie.
Un petit mot pour finir : nos projets ne nous appartiennent pas entièrement : la disponibilité pour les autres vient parfois les perturber, les retarder. De plus, les plans de Dieu ne correspondent pas toujours aux nôtres.
La vieillesse, le handicap, la maladie les réduisent comme une peau de chagrin.
Une mort brutale interrompt les plus beaux…
Sauf si d’autres prennent le relais et poursuivent la tâche.
Sommes-nous de ceux-là ?
Yvette VANESCOTE