(Psaume 103.1, 2, 22, version Segond traditionnelle)
En cette période intense de l’année ecclésiastique, qui va de Pâques à la Pentecôte, si nous nous laissions inspirer par le psaume 103 ?
Les deux premiers versets de ce psaume de David nous sont familiers : ils ont été utilisés par des générations de protestants comme prières avant le repas:
« Mon âme, bénis l’Éternel !
Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom !
Mon âme, bénis l’Éternel,
Et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » (v.Segond)
En français courant, nous lisons :
« Je veux dire merci au Seigneur,
de tout mon cœur je veux remercier le Dieu saint.
Oui, je veux remercier le Seigneur
sans oublier un seul de ses bienfaits. »
Dans le premier verset (en F.C.), relevons l’expression « le Dieu saint », que les juifs appellent « le Saint unique, béni soit-il ! ». Dans le livre de Job, les saints sont les anges (Job 15.15-16, version Segond), et dans le Nouveau testament, les saints sont les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont sanctifiés au contact du Christ et à son exemple.
Vous avez noté que, dans la version Segond, Dieu est nommé l’Eternel et, en français courant, le Seigneur :
- Le terme hébreu correspondant à « Eternel » est une forme du verbe être employée dans le sens de « celui qui est » (Exode 3.14), ou encore de « celui qui était, qui est et qui vient » (Apocalypse 1.8).
- Le mot « Seigneur » est utilisé, en hébreu également, pour remplacer le nom divin que l’on ne peut prononcer par respect (dans l’esprit d’Exode 20.7 : « Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain »).
Ces deux termes ont sans doute une connotation relative à deux aspects de l’action divine.
« Éternel » évoque le Créateur et sa promesse de résurrection physique, tandis que « Seigneur » suggère plutôt la volonté éducative de Dieu, par la loi et par l’exemple, essentiellement celui du Christ.
Prenons, pour suivre, les versets 3 et 4 en français courant :
« C’est lui qui pardonne toutes mes fautes,
guérit toutes mes maladies,
m’arrache à la tombe,
me comble de tendresse et de bonté. »
« Toutes les maladies » ?
Celles du corps et de l’esprit, dont le vieillissement. Le verset 5 (en F.C.) ne dit-il pas :
« Il me donne une nouvelle jeunesse » ?
Il soigne également les maladies morales: « Il pardonne toutes mes fautes ». David précise, aux versets 9-10 : « Il ne fait pas constamment des reproches, il ne garde pas éternellement rancune. Il ne nous a pas punis comme nous l’aurions mérité, il ne nous a pas fait payer le prix de nos fautes. »
L’apport principal du ministère de Jésus sera justement d’offrir, de la part de Dieu, à ses disciples, une amnistie, non pas promise du bout des lèvres, mais payée au prix fort, montrant ainsi un amour de Dieu qui va jusqu’au sacrifice.
« Il me comble de bonté », voire « de tendresse », avons-nous lu.
En effet: « Le Seigneur aime ses fidèles comme un père aime ses enfants »(v.13). Et encore :
« La bonté du Seigneur pour ses fidèles dure depuis toujours et durera toujours. Et sa loyauté reste acquise aux enfants de leurs enfants, s’ils respectent les règles de l’alliance et pensent à faire ce que Dieu a commandé » (v.17-18). La bonté de Dieu est promise aux disciples qui s’engagent dans son alliance, apportent leur contribution et le don de leur personne (« que tout ce qui est en moi …», v.1) à son oeuvre.
J’ai parlé en commençant de la progression du croyant, qui conduit de Pâques à la Pentecôte. Cette dernière fête manifeste le rôle du Saint-Esprit dans la foi. En trouvons-nous quelque trace dans le psaume 103 ?
Celui-ci commence et finit avec la louange: notamment au v.21 (Segond) : « Bénissez l’Éternel vous qui êtes ses serviteurs ! ».
Le don du Saint-Esprit n’est-il pas tributaire de la louange ? La reconnaissance des bienfaits de Dieu (« mon âme… n’oublie aucun de ses bienfaits », v.2) favorise l’action consolatrice du Saint-Esprit et la continuité de son inspiration.
« Bénissez l’Éternel ! »
Jean Charles