Je veux que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.
(Matthieu 9.6 ; Marc 2.10 ; Luc 5.24 ; version en F.C.)
Un peu d’étymologie : le mot péché vient du latin peccare (qui a donné impeccable), signifiant « faire un faux pas », d’où « commettre une erreur, une faute » (dictionnaire étymologique Robert). Le mot désigne une faute quelconque, mais considérée d’un point de vue religieux, c’est-à-dire comme une faute commise à l’égard de Dieu.
Nous aborderons cette question à partir d’un récit présent dans les évangiles synoptiques : Matthieu 9.1-8, Marc 2.1-13 et Luc 5.17-26.
L’histoire se passe à Capernaüm, ville située sur le lac ou mer de Galilée, qui est devenue rapidement la base de l’action de Jésus. La maison dans laquelle il se trouve est celle de Pierre et de son frère André. Jésus y effectue des guérisons tout en donnant son enseignement.
Arrive un groupe d’amis portant un paralytique couché sur son lit. Il y a grand monde sur place. Impossible d’atteindre Jésus. Les hommes, motivés, ne se laissent pas impressionner par la foule, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de la maison. Prêts à tout pour mettre leur ami en contact direct avec Jésus, ils grimpent sur le toit et le démontent.
Imaginons la foule qui écoute Jésus et brusquement, le bruit, la poussière, les gravas qui envahissent la pièce, suivis du paralytique descendu précautionneusement et déposé aux pieds de Jésus … Voilà une entrée en matière déconcertante et pour le moins originale qui ne doit pas manquer de surprendre l’auditoire et le propriétaire du bâtiment ! La suite ne l’est pas moins.
Dans ce récit, Jésus utilise la prière de guérison pour démontrer sa capacité de pardonner tout péché.
Le souvenir des fautes empoisonne la vie. Il est paralysant, réduit la confiance en soi et le désir de se dévouer, sans compter la crainte du jugement divin. Jésus fait donc passer le pardon des péchés, que l’infirme ne demandait pas, avant la guérison physique.
La suppression de la culpabilité est l’apport le plus déterminant du ministère du Christ, elle repose sur la foi en lui dont l’infirme et ses quatre porteurs font la démonstration spectaculaire en passant au travers d’une toiture afin de lui parler.
Le pardon des péchés est l’apanage de Dieu. La bonne nouvelle de l’Évangile est essentiellement une opération de déculpabilisation entreprise par Dieu. Jésus y joue un rôle central. Victime, dans la tradition des prophètes, de son franc-parler à l’égard des dérives de la société et de ses dirigeants, il va considérer sa condamnation comme représentant les fautes de l’humanité et le prix du pardon divin.
Et Jésus va associer ses disciples à ce ministère de déculpabilisation :
« Jésus leur dit (aux 12): – Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces mots, il souffla sur eux et leur dit : – Recevez le Saint-Esprit ! Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon ; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l’obtiendront pas. »
(Jean 20.21-23 ; F.C.)
Ainsi, les disciples de Jésus peuvent eux aussi être les porte-parole du pardon de Dieu en aidant leurs frères dans la recherche de la communion divine. Celle-ci s’accompagne de la prise de conscience des fautes, d’une volonté de réparation et de changement.
Recevoir le pardon a donc un coût, l’accorder également dans la mesure où, face à un tort, on ne rejette pas le coupable, mais on lui offre une possibilité de réparation qui n’est pas écrasante, mais généreuse, comme celle de Dieu, mise en œuvre par Jésus.
Dans notre texte, Jésus déclare : Est-il plus facile de dire : « Tes péchés sont pardonnés », ou de dire « Lève-toi et marche » ? (Matthieu 9.5)
Il guérit le paralytique et démontre par son action qu’il a effectivement le pouvoir de pardonner comme seul Dieu pardonne, ce qui est le plus important.
Le malade est rétabli physiquement mais surtout moralement grâce au pardon. « Prends ton lit et rentre chez toi » (Matthieu 9.6) : le paralysé se retrouve debout, capable de porter son brancard, comme ressuscité, prêt à marcher avec son nouvel ami et à rentrer dans sa maison pour une vie dynamisée.
A nous aussi Jésus dit, en ce temps de Pâques : « Tes péchés sont pardonnés … Lève-toi ».
Un petit mot encore : le titre de cet article parle de Jésus comme du « Fils de l’homme ». J’aime cette expression empruntée à l’Ancien Testament (Daniel 7.13), car elle insiste sur la proximité du Messie avec l’humanité. On retrouve cette connotation dans le verset 8 de Matthieu 9 : « Quand la foule vit cela, elle loua Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes », pouvoir de guérison et de pardon.
Jean CHARLES