Mémoire et Discernement

man reading book on beach near lake during daytime

Références Bibliques : Luc 6/46, Jean 16/13, Jacques 1/22

André Gide, écrivain français, philosophe et protestant de tendance libérale, du moins à première vue, dira dans une de ces nombreuses correspondances une vérité fondamentale de l’évangile.

Comme nous allons le lire et le constater, nous verrons que cette vérité ne trouve pas sa source uniquement dans l’évangile mais bien aussi dans la totalité de toute l’Écriture sainte !

En Luc 6/46, Jésus dit :
« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ? »

André Gide, lui, dira :
« L’important avec l’évangile ce n’est pas de l’interpréter comme ceci ou comme cela, mais de le mettre en pratique ! »

Ce qui, inévitablement, fait référence à l’apôtre Jacques qui nous dit :
« Mettez la Parole en pratique et ne vous bornez pas à l’écouter seulement en vous trompant vous-même par de faux raisonnements ! » (Jacq. 1/22)

Nous constatons donc un parallélisme important entre les dires de Jésus et d’André Gide sur l’importance de la mise en pratique de la Parole de Dieu.

Si quelqu’un a chanté : « L’important c’est la rose », les Écritures, elles, nous disent et nous redisent que l’important, dans la pensée de Dieu, c’est la mise en pratique et le vécu de l’évangile dans notre quotidien !

Même si nous prétendons le savoir, l’avoir lu dans la Bible ou dans des livres chrétiens ou théologiques, inlassablement, Dieu nous rappelle que l’obéissance vaut mieux que les sacrifices.

L’apôtre Paul nous invite à tirer des leçons de ce qui s’est passé au désert, car cela a été écrit pour notre instruction. (1 Cor.10)

La mise en pratique des Écritures est donc ce qui réjouit notre Dieu, mais pas n’importe comment et là est le problème.

En effet les saintes Écritures regorgent de récits, de conseils et d’exemples à suivre ou pas, d’où le titre de cette méditation.

Mémoire et discernement !

Mémoire :

Tous les récits bibliques et les enseignements contenus dans les saintes Écritures, sont des instruments voulus par Dieu pour que nous en tirions des leçons, pour notre vie afin de grandir dans ce que Dieu aime et veut pour nous.

Quelques exemples :

Pourquoi Adam et Eve furent-ils chassés de l’Éden ? Parce qu’ils ont désobéi à Dieu (Genèse 3,8-24).

Caïn tue Abel à cause de sa jalousie, il n’a pas écouté Dieu qui l’avertissait en lui disant : « Le péché est couché à ta porte, mais toi, domine sur lui » (Genèse 4,7)

Quelle est la cause de la déportation d’Israël ? Le non respect des commandements de Dieu et le manque d’attention aux avertissements des prophètes ! (1 Rois 21,26, 2 Rois 21, 11)

Et que dire de 1 Tim. 1,20, avec Hyménée et Alexandre, ou de Jean 6,60 et suivants où des disciples quittent Jésus parce que les « Paroles sont dures ».

Il faut donc de la mémoire lorsque nous lisons les Écritures et quand nous les écoutons !

Ce n’est pas ce qui nous plaît ou une partie qui doit être mise en pratique mais l’entièreté de la Parole de Dieu et Jacques 1,21-23 nous en rappelle l’importance et met en relief aussi bien la pratique que la mémoire des Écritures bibliques.

Sans pratique, on oublie ce que nous sommes et quand on oublie ce que nous sommes, nous nous trompons nous-mêmes.

Nous nous exposons nous-mêmes au péché et au rejet de la part de Dieu, et cela même si Dieu nous aime et veut notre bonheur.

Rappelons-nous les paroles de Jésus : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ?

D’où l’importance de la mémoire que Dieu, à travers sa Parole, voudrait voir grandir en nous pour notre bien et le réjouir.

Mais la mémoire sans le discernement est insuffisante.

Pourquoi ?

Parce que, de même que la théorie sans la pratique est inefficace, pour, par exemple, conduire un véhicule, de même connaître les Écritures par cœur sans les vivre est totalement inutile (voir Jacques 2,15 et suivants).

Nous pouvons donc dire que les Écritures nous donnent de la mémoire sur la volonté de Dieu, sur ce qui lui est agréable, mais aussi sur notre nature pécheresse et notre tendance à négliger les enseignements de la Parole de Dieu et donc, à nous éloigner de lui.

Elle nous rappelle aussi l’immensité de l’Amour de Dieu pour l’humanité entière manifesté en Jésus-Christ. Le chemin vers Pâques nous remet en mémoire tout cela.

Discernement :

Mais la mémoire a ses limites, car sans le discernement qui nous vient du Saint-Esprit, qui est le consolateur, celui qui nous conduit dans toute la vérité, qui nous rappelle l’enseignement de Christ, l’esprit de vérité que Jésus a promis à ses disciples et donc, à nous aujourd’hui. (Jean 16,12 et suivants)

Un constat important s’impose ici : sans la parfaite complémentarité entre mémoire et discernement, il n’y a aucune incidence sur nos vies.

En effet, la mémoire c’est la connaissance de la volonté de Dieu et de ce que nous sommes.

Le discernement, c’est l’Esprit de Dieu qui agit en nous et nous éclaire sur la compréhension des écritures et de sa mise en pratique dans nos vies.

Il nous faut donc les deux : Mémoire et discernement !

Et là, aussi, en cette période de cheminement vers la Pâque, Dieu nous montre encore l’exemple !

Mémoire : Dieu connaît l’être humain, ses actes bons mais aussi ses nombreuses révoltes. Il fait également des promesses et se plaît à la miséricorde. (Ésaïe 48,7-9 et suivants, Osée 6,1-6)

Discernement : l’homme est incapable de faire le bien et de changer sans l’aide et la grâce de Dieu (Rom. 3,9-18 ; 5,8 ; Deut.7,7-8 ; 1 Jean 4,10)

En ceci est l’Amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima et qu’Il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. 

Voilà à quoi nous invite le chemin de Pâques.

Nous souvenir et donc avoir la mémoire de l’Amour que Dieu nous porte et aussi nous souvenir de nos limites et de nos failles qui sont communes à tout être humain.

Et forts de cela, discerner dans nos vies ce qu’il aime pour le vivre et ainsi honorer Dieu tel que nous l’enseignent les Écritures.

Amen

Paolo Farris