En ce mois de décembre, avec le retour de l’Avent, il est rappelé à l’Église que son temps à elle est toujours le temps de l’attente. Comme le psalmiste, le croyant confesse que tout son être est tendu vers ce qui doit advenir : J’ai été dans l’attente de Dieu, et mon âme a été dans l’attente et j’ai attendu sa parole… de la veille du matin jusqu’au matin suivant (Ps 130). Comme une sentinelle, comme un guetteur qui n’en peut plus d’attendre que le jour se lève, il attend Dieu ; il s’attend à Dieu.
Attente vivante qui n’est ni l’inertie ni la tranquillité au sein d’un monde qui se déchire. Attente qui est protestation contre la réalité qu’il a sous les yeux. Attente qui signifie que l’on ne peut s’accommoder du mal, de la souffrance, de l’injustice et de la mort. Attendre, c’est ne pas se résigner, c’est ne pas se désespérer de Dieu et de notre monde. Attendre, c’est le contraire de vouloir s’accommoder du statu quo ; c’est s’interdire de se dire que les choses sont ce qu’elles sont et que rien, jamais, ne changera.
A l’heure actuelle, certains, sans trop sourciller, osent vouer des populations et des générations entières au fatalisme et à la résignation en nous disant que de l’avenir immédiat rien de bon n’est à espérer. L’espérance, l’attente d’un avenir meilleur est un luxe que beaucoup ne peuvent plus se permettre. Peut-être, si les chantres du fatalisme qui prônent la docilité face aux signes des temps donnent de la voix est-ce parce qu’ils savent que rien n’est aussi turbulent que celui qui espère et que porte une attente ardente.
Mais celui qui dit avec le psalmiste : Je m’attends à Dieu, j’ai confiance dans ses promesses de paix et de justice, je m’attends à Celui qui fera toutes choses nouvelles ; celui-là croit que rien ne peut être, ni rester comme avant. En ce temps de l’Avent, nous sommes dans l’attente de Dieu, pour tous ceux qui n’attendent plus rien. Notre âme est dans l’attente, pour tous ceux qui veulent que rien ne change jamais. Nous nous attendons à Dieu, avec la Création tout entière qui soupire après la paix et la justice.
Pasteur Patrick Evrard