Psaume 118 : Tu es mon Dieu, je te dis merci

Dernier épisode de notre saga estivale.
Le choix du psaume ne fut pas facile.
C’est une fin joyeuse que je voulais. Mais la joie dans les psaumes n’est pas très courante.
Certes, beaucoup de versets sont joyeux !
Mais trouver un psaume entier qui est joyeux ce n’est pas évident.
Les 150 poèmes sont dédiés à la louange à Dieu ou à son œuvre, voire même à son représentant, ils devraient donc être joyeux.
Mais non, ils sont très souvent des appels au secours ou des prières d’humiliations attendant le pardon du Créateur divin.
Dans une liste de psaumes que je qualifie de joyeux, outre le très court psaume 117 (2 versets), j’ai choisi celui qui me semblait le plus joyeux, le 118.

J’en appelle à votre mémoire. Dans le premier épisode de notre suite de prédications sur les psaumes, (c’était le dernier dimanche de juin), nous avons découvert quatre familles:

  1. Les hymnes de louange
  2. Les drames de libération
  3. Les poèmes d’instruction
  4. Les chants de fête pour des occasions spéciales.

Le psaume 118 qui n’est pas un des plus longs, appartient comme beaucoup de ses confrères textuels à au moins deux familles :

  • Celle des drames de libération ou d’appel au secours
  • Celle des poèmes d’instruction.

Mais il fait aussi partie des psaumes liés à une cérémonie liturgique. Ce qui explique l’absence de dédicace.

Il est avant tout une confession de foi invitant les auditeurs à entrer dans un lieu saint pour louer le Dieu créateur :

(V20) – Voici la porte du SEIGNEUR. Qu’ils entrent, ceux qui obéissent à Dieu !

Pour amener les croyants à louer Dieu il faut des arguments convaincants (je précise bien « croyant » et non «nouveau croyant », nous le verrons plus tard). Pour donc faire une bonne publicité, les 19 versets qui précèdent l’invitation sont le témoignage de l’action divine pour son peuple et pour tous ceux qui ont confiance en lui.

Mais en étudiant le texte un peu plus profondément, le lecteur y découvre un message éducatif et conduisant à une édification personnelle.
Voyons cela.
Comme tout chant liturgique, le texte commence et se termine par une louange à Dieu (V 1 à 4 & 29).
Entre les 2 louanges, l’action se déroule en trois mouvements qui comme le souligne le commentaire de la « Bible expliquée », semblent se situer dans 3 lieux différents de la cité de Jérusalem :

  • Au cœur de la ville
  • Aux portes du temple
  • Dans le sanctuaire

Pour nous situer, Jérusalem est le centre de la spiritualité juive. Tout juif, au temps de Jésus doit venir au temple de la grande ville au moins une fois dans sa vie.
C’est un schéma de vie spirituelle qui est le squelette du psaume 118. Il conduit vers la maison de Dieu.
Les lieux de culte d’hier et d’aujourd’hui, semblent être les plus appropriés pour louer Dieu.
Pourtant, le psalmiste veut montrer que Dieu ne limite pas sa présence à ce seul lieu. Il est partout où l’humain a besoin de lui.
Il fait même mieux, il accompagne l’humanité tout le temps y compris quand elle n’en a pas besoin !…
Aujourd’hui, voyons dans ce chant liturgique trois temps de vie !

1. La naissance à la vie humaine avec toutes les joies et alertes que cela comporte, symbolisées dans le texte par la détresse comme :

On m’a poussé, bousculé pour me faire tomber, (v. 13a)

ou une exclamation joyeuse comme :

Le SEIGNEUR est ma force, je chante pour lui, c’est lui qui m’a sauvé ! (V14)

2. La découverte de la foi, la conversion. Elle est traduite par les versets 17 et 18 :

Non, je ne mourrai pas, je vivrai, pour raconter les actions du SEIGNEUR.
Oui, le SEIGNEUR m’a bien corrigé, mais il ne m’a pas laissé mourir !

3. La reconnaissance de Dieu comme donateur de la grâce et l’entrée dans la
confiance, c’est le verset 28 :

Tu es mon Dieu, je te dis merci. Mon Dieu, je reconnais ta grandeur !

L’auteur veut faire partager son propre cheminement.
C’est donc le témoignage d’un « craignant Dieu » qui est évoqué dans le psaume 118.
Entendons par « craignant Dieu », un croyant qui a une vie de foi déjà bien entamée. Et non comme le précise le texte biblique de la traduction en Français courant (donc de la dernière née : Ze Bible) : « des nouveaux fidèles ». Dans le judaïsme, le prosélytisme, la diffusion de la Parole vers l’extérieur et l’apport de nouveaux croyants n’est pas une priorité.
Aussi l’auteur ne s’adresse pas à de nouveaux croyants, mais à des croyants qui ont un peu délaissé leur vie spirituelle et donc leur Dieu.

Des croyants qui ont oublié l’adresse du temple !…
Ce que combattent les prophètes, puis les apôtres.
En cela, ce psaume est très présent dans le Nouveau Testament.
A quelle histoire des évangiles vous fait penser le verset 26 :

Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du SEIGNEUR !

C’est la phrase que crie le peuple qui accueille Jésus à Jérusalem !
L’image de la pierre de l’angle fut reprise intégralement dans l’évangile de Luc et dans le livre des Actes.
Cette dernière citation est faite alors que l’Eglise primitive se construit et a besoin de certitudes et d’encouragements pour se consolider et se pérenniser.
Aujourd’hui, ce psaume est encore très utilisé dans les liturgies chrétiennes. Certains paroissiens le connaissent par cœur.
Cet écrit est une confession de foi servant à fidéliser les croyants.
Il sert à rappeler l’amour de Dieu pour chacune de ses créatures et plus particulièrement les humains.
Il est une cent dix huitième redite (rien que dans les Psaumes, mais les autres livres bibliques ne se lassent pas de le redire aussi). Mais ne faut-il pas dire et redire sans cesse son amour à celle ou celui que l’on aime ?

Après une longue vie bien remplie, ont a parfois envie de dire :

Je sais !…

C’est la conséquence d’une forme de lassitude vis-à-vis d’une spiritualité ou d’un engagement trop présent durant la vie active.
Mais comme chantait ce vieil acteur très connu :

Je sais que l’on ne sait jamais !…

Et bien ce psaume 118 vient conforter cette affirmation.
Le Seigneur pourrait très bien dire aussi :

Eh les amis, je suis vieux, je ne peux plus rien pour vous !…

Mais non, il est constamment à nos côtés pour nous soutenir et remonter nos bretelles et il ne se lasse pas !… Nous pouvons donc crier comme le psalmiste :

Le SEIGNEUR est ma force, je chante pour lui, c’est lui qui m’a sauvé !
Écoutez les cris de joie et de victoire dans les tentes de ceux qui obéissent à Dieu :
« Le SEIGNEUR a fait un exploit !
Il nous a donné la victoire, le SEIGNEUR a fait un exploit ! »
(V 14 à 16)

C’est la moindre des choses que nous pouvons faire, rendre gloire à Dieu et pas seulement pour quelques heures comme l’ont fait ceux qui accueillaient Jésus comme un roi.
Dieu et Jésus méritent mieux !…
Être croyant, ce n’est pas seulement penser à Dieu de temps en temps, c’est lui parler comme l’on parle à une personne importante.
C’est être en contact permanent avec lui et en tous lieux.
C’est lui dire :

Tu es mon Dieu, je te dis merci. Mon Dieu, je reconnais ta grandeur ! (V 28)

Que ce verset soit votre capitule tous les jours de votre vie.

Amen