Psaume 2 : Le roi que Dieu a consacré

Prédication du pasteur Dernoncourt apportée dans le culte communautaire du 17 juillet 2011

Matthieu 4, 1 à 11
1 Corinthiens 1, 26 à 31
Psaume 2

Troisième volet de notre périple estival dans le monde des psaumes : le psaume 2.
Voilà un psaume plein de surprise !
Certes il est à la gloire de Dieu.
Mais un Dieu particulier qui rit, qui a l’air de se moquer des nations qui peuplent le monde qu’il a créé.
Dieu serait-il comme l’humain, un moqueur, imbus de sa personne, avec le gros cou ?
Certains textes bibliques, dont le deuxième psaume, pourait le laisser croire. C’est peut-être ce genre de lecture qui faisait que mon père n’aimait pas le premier testament.
Pourtant, même dans notre psaume du jour, Dieu est un créateur attentif :

Demande–moi et je te donnerai les nations comme patrimoine, comme propriété les extrémités de la terre ;

Cette invitation est un signe d’amour pour celui qui l’entend et la reçoit. De plus elle est précédée d’une appellation précise :

Tu es mon fils ! C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui.

A cause de cette phrase, l’interprétation messianique a été nettement affirmée par toute l’exégèse juive ancienne.
Le christianisme de premier niveau y voit même une allusion à Jésus. Il ne faut pas être un expert en théologie et étude des textes bibliques pour éliminer cette dernière hypothèse.
Certes il y a une ambiance messianique, mais il s’agit du roi qui donne à Israël ses titres de noblesses : le roi David, celui qui reste aux yeux du peuple le seul roi digne de ce nom et auquel Dieu qui est unique et puissant accorde son alliance et sa protection.

Si l’on tombe dans le piège de voir Jésus dans ce psaume, c’est dû au fait que ce psaume, comme le premier d’ailleurs, n’a pas de dédicace.
Dans de vieux manuscrits, les deux premiers psaumes ne formaient qu’un seul texte.
Ces deux écrits sont en effet tout deux des « macarismes », c’est-à-dire un hymne à un saint.
Le psaume 149 est pour les commentateurs bibliques, la réponse au psaume 2.
Ce poème, tel que nous l’interprétons, n’est pas une prophétie sur le messie qui viendra sauver son peuple.
Il tire plutôt son origine d’une occasion historique comme le couronnement de l’un des descendants de David.
Souvent dans l’histoire, quand un prince héritier succédait à son père, il y avait une occasion pour les tribus soumises de se révolter et pour les nations voisines de tenter une agression militaire. Les peuples étrangers aimaient profiter de la faiblesse du pouvoir central de Jérusalem : l’ancien roi était vieux ou mort, le nouveau était jeune et inexpérimenté. C’est un moment rêvé pour porter un coup au peuple. C’est souvent comme cela qu’une puissance en place depuis un temps certain envahissait des territoires voisins pour se les approprier et élargir ainsi sa propriété pour mieux dominer le monde avoisinant et s’affirmer comme intouchable.

Le premier verset du psaume évoque une telle situation.
Mais pour le peuple d’Israël, s’attaquer au roi, c’est s’attaquer à Dieu. Et la première arme qu’il dispose est le chant d’un hymne manifestant sa colère et permettant d’apaiser des envies de répliques militaires mal conduites. En cela, le peuple et ses autorités manifestaient leur sagesse.
Israël est un peuple constamment attaqué. Son Dieu unique est mal perçu par tous ses voisins. Le monde entier est ligué contre Dieu !

Les rois de la terre se postent, les princes se liguent ensemble contre le SEIGNEUR et contre l’homme qui a reçu son onction

L’idée maitresse de ce psaume, semble être la moquerie née du mépris. Dieu
semble dire : « tu me fais rire, pauvre crétin ! »
Dieu se moque des attaques de ses adversaires et de ceux de son peuple. En même
temps, Dieu déplore leur esprit de rébellion :

Il leur parle dans sa colère, dans sa fureur il les épouvante

Ou encore un peu plus loin au verset 11 :

Servez le SEIGNEUR avec crainte, soyez dans l’allégresse en frissonnant.

Mais Dieu a aussi de l’humour.
En effet, il y a quelque chose de risible qui apparaît assez discrètement dans ces quelques versets.
Pendant que Dieu qui garde son calme applique son plan, ses adversaires déploient leurs forces.
C’est en effet risible pour tous les croyants du monde. Comment déployer ses forces contre la puissance divine ? Comment diminuer celui qui est à la base de tout ?…

Ce texte nous présente la situation d’Israël au milieu des nations et son élection comme polémiques. En effet, ce petit peuple a la prétention de révéler à ceux qui l’entourent la seigneurie de Dieu sur le monde, une domination exercée par le représentant de Dieu : le roi.
Si Dieu a installé son roi à Sion, c’est une promesse pour les sujets du roi. Cette promesse joue un grand rôle dans la foi des élus de Dieu.
La force d’Israël et sa mission sont fondées sur les promesses divines et non sur des alliances humaines auxquelles les prophètes se sont toujours opposés. Cet état d’esprit du peuple élu va l’entraîner à vivre en rupture avec le monde qui l’entoure et qui, lui, s’appuie sur sa force.
L’alternative présentée par ce psaume est de suivre Dieu et son oint. Cela conduit à la bénédiction divine. Dans le cas contraire, il faut subir la colère divine.
Ce poème doit déranger !…
En effet, est-il un hymne à Dieu ou au roi humain ? Pourquoi se dernier bénéficie-t-il d’une super puissance pour donner force à l’ultimatum divin ? Le judaïsme qui attend toujours son messie se trouve conforté par ce psaume.

Allons au-delà de la matérialité de l’écriture et du sens des mots.
Voyons cette belle prière avec l’éclairage des écrits néotestamentaires et de l’évangile.
Comprenons que par ce psaume, il est rappelé que Dieu choisit toujours les choses faibles (par exemple un petit peuple entouré de puissantes armées menaçantes) pour confondre les choses fortes.
Toute la Bible raconte de telles histoires qui témoignent de l’extraordinaire humour de Dieu.
David face à Goliath, Jésus, un simple particulier dans un monde plein de puissance et de tentations. Ce Jésus n’est même pas roi. On lui trouve une hérédité royale, mais il faut remonter loin dans le temps. Qui sait, nous-mêmes avons du sang davidique dans les veines !…
Bref, Jésus est ce fou qui fait honte aux sages et aux forts de ce monde.
C’est la bonne nouvelle pour tous les croyants. En Jésus, Dieu dit encore aujourd’hui :

Je t’ai engendré, tu es ma fille, tu es mon fils…

Dans le réseau de forces et puissances du monde contemporain, l’église, en tant que structure de rassemblement des croyants, est toute petite, mais par elle Dieu fait venir son Royaume dans le monde.
Suivre Dieu est plus bénéfique que de gagner 1 super cagnotte.
Avec lui et par lui tous sont riches et puissants, même si ils paraissent fous.

Gloire à Dieu qui est notre joie.

Amen