Le présent billet, je le rédige alors que les froidures exceptionnelles de février ont ouvert les yeux d’une chaine publique de radio télévision en notre belle terre de Belgique et ont ému une grosse partie de la population.
Une telle action est formidable! Je le reconnais.
Les médias ont pourtant mis en valeur un gros défaut de la société du 21ème siècle: l’individualisation.
Comment est-il possible de ne pas savoir que son voisin a froid et vit dans une situation particulière? Pourquoi a-t-il fallu attendre février 2012 pour se rendre compte que les SDF souffraient du froid? N’y avait-il pas possibilité de prévoir cela en été et plutôt que de réagir dans la précipitation, réfléchir et préparer l’hiver? Vous aller voir, qu’en fin de cette année, les problèmes seront revenus et la sonnette d’alarme sera encore tirée!…
Comme chrétien, cela est impensable!
Dans notre communauté de Charleroi, heureusement, toute l’année nous avons le souci de l’autre. Régulièrement, les centres pour réfugiés, où les réfugiés eux-mêmes sont aidés par des colis de vêtements ou d’autres choses utiles à une vie quotidienne. Toute l’année, le service de diaconie paroissiale aide des personnes (même de la communauté) que ce soit financièrement ou par des colis alimentaires. Nous sommes en cela, fidèles à la notion d’accueil de l’autre, la place réservée aux «plus petits» tels que Jésus les nomme dans le 25e chapitre de l’Évangile selon Matthieu (V 40) et auxquels il s’identifie. Mais est-ce suffisant?
Nous sommes au service de Dieu, et nous avons un devoir.
Le lien entre Évangile et valeurs sociales, ou pour dire autrement, entre foi et citoyenneté s’avère dès lors évident, quoique non exempt de tensions, ces tensions s’étant exprimées diversement à travers l’histoire. Ce lien suppose un engagement radical, politique (au sens propre du terme) qui s’exprime par une proximité revendiquée avec tous les êtres humains pour lesquels ces valeurs sociales ne seraient pas appliquées.
L’Église ne peut être pourtant que diaconale. La diaconie fait partie de son être, puisqu’elle est au service de Jésus-Christ, serviteur et sauveur de ce monde, ce Jésus diacre qui dit de lui-même: «je me tiens au milieu de vous, de celui qui sert » (Luc 22, 27). Cette diaconie de l’Église devrait s’incarner dans l’engagement de tous les croyants laïcs – le sacerdoce universel – dans la double mission de proclamation de la Parole et de service du prochain. Mais on l’a vu, ces Églises semblent donc elles-mêmes touchées par l’air du temps qui affecte notre société en général : croissance des individualismes au sein d’un système unique néo-libéral. Même la construction de l’Union européenne est affectée, puisque le «de concurrence» est aujourd’hui son principal pilier. (…) Et la diaconie est bien placée pour constater, au quotidien, les dégâts et les souffrances provoquées par un tel fonctionnement social.
L’engagement de chacun de nous aidera à réduire ce dysfonctionnement.
Nous devons continuer le combat, ne pas permettre que ma sœur ou mon frère souffre mais n’ose pas le dire. Nous devons être solidaires les uns des autres sans différence car nous sommes tous fils d’un même Père.
Chers amis, alors que le printemps est à nos portes, pensons déjà à l’hiver prochain et permettons à la diaconie paroissiale d’encore aider les plus démunis d’entre nous.
Venez nombreux à la journée diaconie (voir page des annonces) qui sera organisée ce mois de mars. Tous les bénéfices seront reversés pour cette œuvre qui en a besoin.
Partageons un peu de nous pour que l’autre trouve un peu de réconfort toute l’année, même quand il ne fait pas froid!… C’est notre devoir!
Votre pasteur,
Bernard Dernoncourt