Encore une fois, je suis en « délicatesse » avec l’ordinateur. Je vous explique.
Le vieil ordinateur, ayant déjà bien vécu, a pris une retraite méritée et un nouveau, tout fringant, a pris sa place.
Oui.
Mais encore.
Après les premiers émois de la découverte, j’entame une relation censée être, si pas amoureuse, du moins amicale avec l’animal fougueux.
Ensuite ?
La connaissance réciproque s’approfondit, la timidité de début s’efface pour laisser place à un dialogue plus franc, je dirais même plus viril par moments.
On rédige un texte, sans arrière-pensées, fière de son orthographe, pas trop mauvaise ma foi, et on se fait souligner une série de mots contenant, autrefois je le concède, un accent circonflexe.
Je vous montre : il paraît, sûre, mûre, dîner, goût…
Desiderata, mot latin vous le savez tous, qu’on veut imposer avec deux accents et s au pluriel. Mais non, mes braves, c’est déjà un pluriel !
Et sandwiches. Je reconnais que le cas est plus trouble. Il faut avoir étudié l’anglais pour savoir que sandwiches est le pluriel de sandwich…
La révolte gronde sur le clavier. Cela sent le défi et le roussi. Il y a du rififi chez les mémés flingueuses.
On va cependant, par sécurité et par esprit de conciliation, vérifier l’une ou l’autre chose au dictionnaire ou, mieux, chez le bienaimé Grévisse. ..
J’ai raison, point à la ligne et je n’en démordrai pas. Ce n’est quand même pas un assemblage de pièces électroniques qui va me dicter ma conduite et régler ma vie quand même !
Je peste contre cette nouvelle orthographe, qui s’est alignée sur l’incapacité des gens à apprendre et utiliser correctement les accents circonflexes et autres chemins tortueux de la grammaire française.
Pas trop d’efforts, mes petits : écrivez comme vous n’articulez pas et comprenne qui pourra les messages que vous voudrez partager.
Je sais, je retarde, je suis de l’ancienne école, je suis ringarde. J’assume et je ne me soigne pas.
Hé, psssssssssssssst, Yvette ! L’orthographe n’est-elle pas quelque chose de vivant, de non figé ?
Il y a toujours une leçon à retirer des expériences anodines de l’existence, seraient-ce les démêlés avec un clavier récalcitrant.
Une comparaison s’impose brusquement à mon esprit : nous approchons doucement du temps de Noël, rappel de la naissance du Christ, bonne nouvelle pour tous les hommes.
Jésus, sorte de nouvelle façon d’écrire nos vies, de voir le monde et ceux qui la peuplent, une nouvelle façon d’approcher le pardon, de prier, de se donner jusqu’au bout, d’offrir le salut venu de Dieu…
Vais-je me laisser interpeller ou me raidir dans ma bonne foi ? Vais-je me laisser transformer ou discuter ferme, consulter « dictionnaires et grammaires » ? Vais-je mettre en doute la Vérité, le Chemin et la Vie qui me sont offerts ou continuer dans mes ornières bien commodes, rassurantes, habituelles ?
Jésus, au lieu de s’adapter à nos défauts, à nos manquements, n’est-il pas celui qui veut régénérer et redresser l’orthographe tordue de nos vies ?
Saurons-nous le recevoir dans sa nouveauté, dans son caractère surprenant, inhabituel, dérangeant ?
Que notre Noël sorte de l’ordinaire, qu’il conjugue accueil du message du Christ et renouvellement de notre personne et qu’il mette plein d’accents d’humanité, de tendresse, d’amour dans nos journées !
Yvette VANESCOTE