Saint Éloi, Sainte Barbe, Saint Nicolas, Noël, Saint Sylvestre, Nouvel An : parmi toutes ces fêtes que célèbrent les uns et les autres en ce mois de décembre, Noël se détache certainement et c’est sans doute la fête à laquelle on attache souvent une importance sans pareille. Mais on ne sait trop s’il faut s’en réjouir ou en pleurer. On peut se réjouir que, dans un monde déchristianisé, Noël reste la toute grande fête, sans comparaison possible avec le 1er mai ou le 11 novembre. Mais on peut aussi regretter profondément que, par cette ampleur générale qui lui est donnée, la fête de Noël n’ait souvent plus grand’ chose à voir avec le Noël chrétien et que le message de la nativité en soit complètement délaissé. Alors, il n’est pas trop de quatre dimanches de l’Avent pour se préparer à vivre une fête dans l’esprit retrouvé de Noël.
Voici l’une des annonces fortes du prophète Esaïe : Le Seigneur lui-même vous donnera un signe, « Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Es. 7 : 14). J’aimerais souligner l’initiative divine : c’est Dieu qui a pris cette décision d’envoyer son messager, son Fils. Remarquez cette liberté qu’a Dieu d’agir même là où on le refuse. Car le roi Achaz avait été fortement sollicité de demander un signe à Dieu, mais il avait refusé de donner suite à cette sollicitation en invoquant d’ailleurs un noble prétexte : je ne veux pas mettre Dieu au défi. Alors, le Seigneur a pris lui-même la décision, de son plein gré, dans son arbitraire pourrait ajouter un opposant ; il donnera un signe aux hommes. Non, pas de manière arbitraire, mais avec une intention précise, par amour, dans sa volonté d’exercer l’amour, pour manifester cet amour qu’il leur conserve toujours. Il a, une fois de plus, pris l’initiative de l’alliance.
Car l’alliance de Dieu avec l’homme fut scellée au moment même de la création, renouvelée ensuite avec Noé qui reçut le signe de l’arc-en-ciel, complétée pour Abraham avec le signe de la circoncision, développée pour Moïse et le peuple sortant d’Égypte avec ce signe la Loi, annoncée à David par ce signe de la promesse d’un royaume éternel. Tous ces signes tracent le chemin du signe par excellence que Dieu donne : un fils. La venue de Jésus, c’est le grand signe de Dieu, pas seulement un clin d’œil à l’humanité, mais deux bras largement ouverts, une grande invitation, un appel plein de cette espérance que l’humanité recevra ce cadeau. Tel est le signe. Telle est la promesse.
Bien des siècles s’écouleront avant que le signe ne se matérialise, mais Dieu n’oublie pas sa promesse, elle se réalisera en son temps.
Un fils naît dans l’humanité. Pas de grande démonstration, pas de propagande tapageuse : un fils, né d’une jeune femme, tout simplement, dans le silence, dans l’obscurité, dans l’humilité, en apparence comme les bébés de toujours. On ne le distinguera des autres que par l’empreinte intérieure de la divinité qui se révélera lors de son ministère. C’est que le Seigneur ne cherche pas à en imposer, mais il donne un signe, un de plus, le tout grand signe de son amour.
Et, dans ce Fils, c’est Dieu qui vient : Emmanuel, Dieu avec nous. Sans doute les hommes en rêvaient-ils depuis longtemps pour se persuader de leur force, pour couvrir d’un manteau religieux leurs faits et gestes et même leurs forfaits. Mais elle est fausse, cette proclamation, lorsque des hommes s’en emparent. Elle devient vraie seulement lorsque Dieu lui-même la prononce : c’est lui qui se déclare pour nous, c’est lui qui prend l’initiative de se mettre de notre côté. Non pas à cause de notre bonne conduite, non pas parce que nous le méritions, mais pour nous arracher aux puissances de mort et de mensonge, pour nous sauver du péril où nous entraîne la révolte humaine.
Si nous recevons la promesse de Dieu « Emmanuel, Dieu avec nous », n’y a-t-il pas dans le même temps une question : et nous, avec qui sommes-nous ? Il nous faut décidément réaliser qu’on ne peut pas s’emparer de Dieu juste quand on en a besoin ou juste une ou deux semaines autour de Noël et de Pâques. En Christ, Dieu a fait le pas décisif de passer de notre côté. Saurons-nous l’accueillir avec joie pour cheminer quotidiennement avec lui ?
Pasteur Daniel VANESCOTE