Un homme placarde un texte sur les murs d’une église de Wittemberg en Allemagne. Il contient 95 affirmations ou « thèses » concernant la foi chrétienne et la vie de l’Église à la lumière des Écritures Saintes.
C’est par cet acte symbolique que, selon la tradition, Martin Luther initie la Réformation luthérienne. Cette dernière sera une contribution majeure à la création des Églises protestantes telles que nous les connaissons aujourd’hui. C’était en 1517. En 2017, cinq cents ans plus tard, nous fêterons le jubilé d’événements qui ont changé le cours du christianisme. Mais au-delà de leur dimension historique et patrimoniale, en quoi une telle commémoration peut-elle encore concerner les gens d’aujourd’hui ?

Les convictions portées par les hommes qui tentèrent de réformer l’Église il y a un demi-millénaire sont-elles encore pertinentes pour nos contemporains et le monde dans lequel nous vivons ? Nous pensons que oui.

Aujourd’hui, la valeur accordée aux êtres humains est souvent déterminée par leur situation sociale, leurs capacités, ou les richesses matérielles qu’ils détiennent. A contrario, les personnes les moins riches, les moins intégrées ou les moins compétentes seraient donc de plus faible importance.

Or le protestantisme porte l’assurance que chaque être humain a une valeur en soi, indépendamment de ce qu’il a ou est capable de faire. Chacun d’entre nous est aimé par Dieu, tel qu’il est, gratuitement, sans devoir le mériter d’une manière ou d’une autre. Cet amour inconditionnel de Dieu pour nous est une invitation à considérer les femmes, les hommes et les enfants qui nous entourent de la même manière. Enfin, tous ceux qui ont d’eux-mêmes une image dégradée et se dévalorisent sont invités à retrouver l’estime de soi. La Réformation a résumé cela par l’expression Sola Gratia (la Grâce seule comme la manière dont Dieu nous aime et dont nous pouvons aimer autrui et nous-mêmes).

Au don de la Grâce de Dieu répond la foi (sola fide). Le Christ nous invite à bâtir à sa suite un monde marqué avant tout par la foi. Notre époque est empreinte d’une très grande inquiétude face aux difficultés du présent et aux défis considérables qui se profilent à l’avenir (climat, environnement, conflits de toutes natures…). A nos contemporains, tentés par la résignation, le découragement ou le cynisme nous voulons témoigner d’une foi, d’une attitude intérieure, qui permet de se tenir solide et bienveillant dans l’existence. Ainsi, tout en étant confiants envers Dieu et autrui, nous aurons force et inspiration pour bâtir une vie et un monde de paix et de justice.

Une troisième affirmation-clef de la Réformation rappelle que c’est l’Écriture (sola scriptura) qui ouvre à la vie de la grâce et de la foi. Le monde de la Bible, que nous sommes constamment invités à découvrir et redécouvrir, contient une parole ancienne. Mais si nous la rendons actuelle, elle peut être d’une richesse infinie dans notre vie. Elle devient ainsi parole qui nous ressource personnellement et nous aide à mieux vivre les uns avec les autres. Elle se révèle alors parole de sagesse pour les aspects concrets de la vie de tous les jours et parole d’ouverture aux dimensions nouvelles et insoupçonnées de l’existence. C’est ainsi, que tout au long de ce 500ème anniversaire, nous serons invités à retrouver la richesse inestimable, et souvent méconnue, de notre héritage protestant.

Pasteur Christian Greiner
Eglise Saint Thomas – Strasbourg