Sarah se mit à rire

Sarah se mit à Rire (Genèse 18, 1 à 15)

Rire est-il chrétien ?

Dans l’histoire de la Genèse, Dieu ne comprend pas le rire de Sarah ! Dans toute la Bible, le rire n’est pas souvent raconté, est-ce une raison pour croire qu’une telle action n’est pas reconnue par notre Père ?

On rapporte que Luther aurait dit : « Si on ne peut pas rire au paradis, je ne veux pas y aller. »

Le christianisme est soupçonné de porter un regard critique sur l’humour et le rire, jugés menaçants pour la foi et le sérieux religieux. Ce présupposé remonte sans doute au Moyen-âge. A cette époque, le rire fait l’objet de deux définitions contradictoires :

La première, héritée des Pères de l’Eglise grecque et largement diffusée en Occident, condamne le rire.
La seconde, qu’on trouve d’abord chez le philosophe Aristote, puis relayée par les grands auteurs chrétiens du Moyen-âge, affirme, à l’inverse, que le rire est le propre de l’homme : elle emploie l’expression Homo risibilis, qui signifie « l’homme dont la caractéristique est le rire ».
Il en résulte une controverse entre théologiens, illustrée par un sujet traditionnel de débat au 13e siècle « Jésus a-t-il ri une seule fois dans sa vie ? » Car à cette époque, la vie terrestre de Jésus est le modèle de l’homme.

Puisqu’il n’est jamais cité en train de rire, on oppose au rire la vraie joie, celle qui exclut le rire.
Le rire est bien le propre de l’homme, mais de l’homme « pécheur » : le rire lui-même est qualifié de « péché ».

Le rire prescrit du Moyen-Age laisse place au rire joyeux de la Renaissance. Avec Rabelais et les autres humanistes, le rire est anobli, revalorisé. Il exprime la joie de vivre et devient inhérent aux plaisirs sensoriels. A cette même époque, le Réformateur Martin Luther parle aussi du rire. Il marque avec insistance le lien qui unit la foi et l’humour : selon lui, l’humour est l’expression souveraine de la liberté de la foi à l’égard des contraintes de ce monde.

Plus tard, des philosophes soulignent également le lien entre humour et religion. L’humour opérerait le passage de la réalité simplement humaine à la dimension religieuse, il marquerait la rencontre insolite entre l’homme et Dieu. L’humour accompagnerait la foi jusque dans les réalités quotidiennes de la vie, pour qu’elle ne se laisse pas prendre au piège des faux sérieux et des fausses garanties. L’humour et le rire qui l’accompagne deviennent en quelque sorte les gardiens d’une foi trop sérieuse et sûre d’elle-même. Quoi qu’il en soit, le rire est une expression de la joie et du bonheur. Notre rire est aussi un témoignage de la présence de Dieu dans notre cœur. Rions donc !!!

Votre pasteur.