Nous vivons dans une société très bruyante, notamment en ville. Antananarivo et Charleroi ont ces deux points en commun : l’embouteillage et le ronflement des moteurs…
Outre les sonneries des portables, le vacarme des voitures, le brouhaha de la foule, il est de plus en plus difficile d’entrer dans un magasin qui ne diffuse pas de la musique par exemple.

Qui plus est, notre époque est celle de la communication, de la parole. Même au temple avant ou pendant le culte, le silence n’est pas toujours respecté.

Parfois, dans la vie quotidienne, celui qui se tait inquiète son entourage ou son conjoint : Pourquoi ne dis-tu rien ? Tu n’es pas content ? Tu n’es pas d’accord ? Ça ne va pas ? Marquer une pause silencieuse, c’est rompre le rythme de l’échange. Cela dérange l’autre qui, bien souvent, ne peut pas se contenter d’une présence attentive et chaleureuse. Oui, la parole est aujourd’hui reine. Elle nous fait exister, crée le lien.
Et parfois, le silence est plutôt considéré comme un espace à remplir, de façon souvent boulimique, car il risque de révéler ce que nous croyons être notre part d’ombre.

Mais il me semble que le silence nous offre cette possibilité extraordinaire de renouer avec notre intériorité. Quand le silence se fait peu à peu autour de vous et en vous, alors commence à émerger votre être intérieur, avec ses voix et sa vie propre. Pas de silence, pas d’écoute. Servir l’autre c’est aussi savoir se taire.

Le silence vous donne le goût, l’envie profonde de vous retrouver en paix. Avec soi-même, et donc avec le monde qui nous entoure.
Il est souvent banal de dire que le silence est l’un des meilleurs remèdes au stress.
Mais c’est pourtant une hygiène de vie que l’on devrait tous s’imposer : rester silencieux quelques instants et se persuader que s’arrêter de parler ne signifie pas pour autant ne plus exister.

Au contraire, on est mieux écouté et respecté par les autres. Mais ne rien dire non plus ne sert à rien : nous ne sommes guère appelés à nous taire devant l’injustice ou la pauvreté qui mine la vie quotidienne .
Dans les évangiles nous voyons qu’avant et après chaque miracle, Jésus le Christ prend un moment de silence et de prière. Il fuit la foule… se retire …

Le silence est un moyen de communication avec « l’ Autre ». Qui est cet « Autre » ?
Celui auquel nous croyons. Celui qui est prêt à nous écouter à n’importe quelle heure ou quel moment …
Bientôt c’est la période de carême : on a besoin de silence.

Seulement pendant le carême ?

Hery Rasoamanana