Allez à l’hôpital, comme accompagnant ou comme malade et vous risquez de faire l’expérience suivante (vécue) : vous prenez une chambre à deux lits, moins chère évidemment, vous croisez les doigts pour que la compagne de chambre ait le même goût du silence et du repos après l’anesthésie et l’intervention.
Raté ! C’est du style à regarder n’importe quoi et quand je dis regarder, même pas, il s’agit d’un simple bruit de fond se mêlant aux conversations des accompagnants, trop nombreux de plus.
J’ai coupé la télé pour favoriser le repos de l’opérée… Personne ne l’écoutait, cette télé ! Que j’ai cru : panique à bord ! A croire que le silence tue. Il a fallu la remettre et les conversations ont continué de plus belle.
Je sais, cela s’appelle du sans-gêne.
Mais, dites-moi, quand quelqu’un arrive chez vous au beau milieu de votre feuilleton préféré, coupez-vous au moins le son ? Sans vous tordre le cou pour essayer de lire sur les lèvres des acteurs, la suite des événements ?
Combien de pasteurs ont-ils renoncé à une visite en raison de la concurrence déloyale de l’écran !
Il m’arrive, lors de mes visites chez une amie très malade de lui demander de couper le son de ce meuble envahissant. Je ne me gêne plus : ou c’est lui ou c’est moi !
Vous êtes prévenus !
Le silence est-il si difficile à vivre ? Le vrai silence, qu’on n’obtient que dans des caissons insonorisés, n’existe pas à l’état pur dans la nature.
Nous vivons dans un endroit très calme, surtout la nuit – merci Seigneur. Dressez l’oreille et vous percevrez le bruit du vent dans les feuilles, le gargouillis berceur de la pièce d’eau. Et, les soirs de sabbat dans le jardin, Léon, le paon du voisin actionne son klaxon pour sonner l’alarme au moindre bruit. Les crapauds font la noce au bord de la mare et invitent copains et copines au festin des moustiques.
Dans le silence, on se trouve face à soi-même, sans s’étourdir de parasites anesthésiants.
Les peurs, les douleurs, les tracas, les soucis prennent de l’ampleur sans doute. Mais est-ce la bonne solution de leur tourner le dos sans les affronter une bonne fois ?
Où vais-je ? Qui suis-je ? Ai-je pris la bonne route ? Quelles sont mes relations avec ceux qui m’entourent ? Comment me suis-je comporté de ces temps-ci ? Quelles sont mes priorités ? Est-ce que je fais les bons choix ?
Quelle est la foi qui m’anime ? Quelles sont mes doutes, mes questions ?
Suis-je prêt à mourir demain ? Ou dans une minute ?
Pourquoi suis-je parfois égoïste ? Ai-je raison de l’être ? Que signifient les mots que j’entends au culte, que je lis dans la Bible ? Ont-ils une résonance dans ma vie ? Suis-je honnête par rapport à moi-même ou mon attitude n’est-elle qu’une façade ?
Sommes-nous en état d’entendre ces questions dans le silence du jour ou de la nuit ?
Pour cela, les insomnies ont du bon : elles permettent de se remettre en cause et aussi de prier pour remettre toutes ces choses au bon endroit : entre les mains de Celui qu’on accuse de se taire, d’opérer le silence radio…
Et si c’était nous qui n’étions pas disposés à entendre le passage de Dieu ? Et si comme Élie, nous devions expérimenter que Dieu n’est pas dans la violence de l’orage, dans la force de la tempête, dans le fracas des éléments ?
Retenons notre souffle, tendons l’oreille : Il nous parle dans une brise légère…
Yvette Vanescote