Ils disent : Dieu le veut

Ypres 14-18Puisque nous sommes dans les commémorations de la guerre 14-18, cédons au courant ambiant et remontons le temps d’un siècle.
« Gott mit uns », voilà ce qui était inscrit sur les ceinturons des soldats du Kaiser. Bien évidemment que Dieu « tenait » avec eux, comme Il « tenait » avec tous les autres, les cathos français, les parpaillots itou, les anglicans britanniques, les presbytériens écossais, les Australiens et Néo-Zélandais de tous bords. Ceci est d’ailleurs valable pour toutes les nationalités belligérantes.
Gott mit uns, God with us, Dieu pour nous…
Non contents de se déchirer les uns les autres, de se bouffer, de s’entretuer à qui mieux mieux, les voilà qui tirent la couverture à eux : Dieu ne peut être que de leur côté, ne peut que cautionner leur guerre juste, puisqu’ils défendent le droit, la justice, et même la religion, sans parler de la soif de pouvoir, de domination, de conquête de territoire, d’intérêts économiques en passant… Juste comme ça : en passant.

Et maintenant ?
La guerre en Ukraine et les pontes religieux de tous bords qui opinent du chef, des deux côtés de la frontière…
Les conquérants d’Allah, en Irak et en Syrie, qui torturent, zigouillent, massacrent tous ceux qui bougent d’une façon autre que la leur…

Dieu le veut.
Brûler les hérétiques. Séparer des familles. Prendre des enfants aux parents pour les dresser dans la « bonne « voie ». Enfermer les penseurs trop libres. Museler. Mettre un carcan. Opérer des pressions morales, financières, économiques. Empêcher la recherche. Détruire des œuvres d’art millénaires ou plus récentes. Affubler de tel ou tel vêtement. Imposer une coutume barbare, des mutilations diverses. Séparer les humains en castes. Humilier les femmes, les maintenir dans une dépendance infantile. Admettre les violences conjugales. Accuser les femmes violées d’impudicité.

Dieu le veut.
La maladie, juste punition du péché. Mort accidentelle. Scissions ecclésiastiques. Polémiques. Divisions. Richesse : bénédiction divine. Avoir raison dans tous les domaines.
Croire qu’on détient la seule vérité, la seule interprétation véridique d’un texte sacré. Penser qu’une hiérarchie religieuse quelconque détient le pouvoir de maudire ou de sauver.

Chaque fois que je dis : « Dieu le veut » pour asseoir mon pouvoir, mon ascendant sur mes semblables, pour faire pression, pour privilégier mes opinions, mes croyances, je transgresse ce commandement qui englobe tous les autres : Tu n’auras pas d’autre Dieu devant ma face.
J’usurpe la place de Dieu, je l’instrumentalise, je lui attribue mes sentiments, mes volontés, mes désirs.

Hors des sentiers battusLa volonté de Dieu est toujours surprenante, fait sortir des sentiers battus, dépasse en amour tout ce que je peux imaginer, englobe au lieu d’exclure, guérit au lieu d’écraser, remet debout, donne plénitude, paix, concorde dans le respect des pensées différentes.
A moi d’ouvrir oreilles, yeux et cœur pour en découvrir le plus possible la vraie nature.
Humblement.

Yvette Vanescote