Habacuc est un «petit prophète », petit par la taille de son message (3 chapitres seulement), mais grand par l’écho qu’il a suscité tant dans le judaïsme que dans le christianisme, tant dans les épîtres de Paul que chez Luther, avec la formule : « le juste vit par sa foi » (2.4).
Message pour un temps de crise : le livre d’Habacuc, vraisemblablement écrit vers la fin du 7ème – début 6ème siècle avant Jésus-Christ, évoque les dérives de la société israélite et la menace de domination des Babyloniens : « Partout éclatent des procès et des querelles… le méchant l’emporte sur le juste et les jugements sont faussés » (1.4) .
Message pour le temps de l’Avent, quand une lueur commence à poindre dans la pénombre où tâtonne l’humanité : « Une lumière se met à luire pour ceux qui marchent dans la nuit » (Esaïe 9.1).
Message pour nous aujourd’hui quand les turbulences de l’actualité et de notre quotidien se mêlent à la préparation des fêtes de fin d’année.
Perplexe quant à l’avenir, le prophète en appelle à Dieu : « Tu es mon Dieu, saint et immortel, Seigneur, mon rocher protecteur » (1.12).
Celui qui protège Israël est saint, proclame Habacuc. Dieu veut faire partager cet idéal à son peuple, idéal de bonté pour les hommes et de communion avec lui. Habacuc est lui-même à l’écoute de Dieu : « fidèle à son poste de garde, comme un guetteur sur le rempart » (2.1).
Et la réponse vient : « Écris ce que je te révèle. Le moment n’est pas encore venu pour que cette révélation se réalise, mais elle se vérifiera en temps voulu. Attends avec confiance même si cela paraît long : ce que j’annonce arrivera à coup sûr et sans retard… l’homme aux intentions mauvaises dépérit mais le juste vit par sa foi (2.2-4). .. La connaissance du Seigneur glorieux remplira le pays aussi parfaitement que les eaux recouvrent le fond des mers » (2.14).
La célèbre formule : « Le juste vit par sa foi » (2.4), sera reprise par l’apôtre Paul en Romains 1.17, Galates 3.11 et Hébreux 10.38, dont l’auteur est inconnu. Ces épîtres déduisent de ce verset la justification par la foi, la foi en Jésus-Christ, qui offre le pardon divin et la vie future à ses disciples.
Le troisième et dernier chapitre du livre d’Habacuc est une prière. Celle-ci est un aspect essentiel de la foi, puisqu’elle permet la relation la plus intime avec Dieu. Habacuc déclare, en effet, : « Moi, je trouve ma joie dans le Seigneur » (3.18). Cette prière est mentionnée comme faisant partie du répertoire du chef de chorale avec accompagnement sur instruments à cordes (3.19), comme certains psaumes.
Le prophète ajoute : « Je suis heureux à cause du Dieu qui me sauve » (3.18) et « Seigneur, Seigneur, j’ai entendu parler de tes exploits et j’en suis rempli de respect. Accomplis au cours de notre vie des œuvres semblables, fais-les connaître aux hommes. Même si tu as des raisons d’être en colère, manifeste-nous encore ta bonté » (3.2).
Habacuc attend de Dieu la délivrance quand le moment sera venu, car sa colère ne dure qu’un temps pour ceux qui gardent le contact avec lui et l’écoutent.
Un dernier mot : Saint Jérôme fait dériver le nom « Habacuc » d’un mot hébreu signifiant « embrasse », soit à cause de son amour pour l’Éternel, soit parce qu’il lutte avec Dieu. Luther s’est prononcé en faveur de cette étymologie.
Saisissons donc ce temps de l’Avent pour exprimer notre confiance en Celui qui conduit notre histoire et pour « embrasser » – visiter, entourer, réconforter, écouter, encourager, soutenir … – ceux qu’il place sur notre route.
C’est ce que je nous souhaite à chacun dans la perspective d’un joyeux Noël !
Jean CHARLES