Un petit château du XVIème, blotti au creux d’un vallon verdoyant de la région de Grenoble. Maison d’hôte de charme, retapée vaillamment par les propriétaires pendant des années. Accueil chaleureux, endroit idyllique, calme assuré. On s’y sent détendu, reçu et soigné comme un coq en pâte par des hôtes dévoués, mais pas serviles, des personnes attachantes, intelligentes, courageuses.
Les vacances peuvent prendre toutes sortes de formes : d’invités vous devenez les accueillants. Les visites vont arriver sous peu et vous vous appliquez à bichonner votre intérieur, à préparer lits et serviettes de bain.
Plaisir de recevoir, de veiller au confort des invités, de prévoir des activités qui leur plaisent, de préparer des repas sinon typiques du moins savoureux.
Il faut être à la hauteur, jouer avec les petits-enfants, les sortir intelligemment quand ils grandissent, s’adapter à l’âge des très vieux amis, ralentir son pas s’ils ne marchent plus très vite.
Plaisir d’être reçu, de se laisser aller, de confier son confort à d’autres. Plaisir de recevoir à son tour et de gâter les invités…
Lampedusa.
Destination vacances ? Lieu touristique incontournable, à voir l’arrivée quotidienne de touristes venus d’ailleurs ! Vous savez, de ce continent oublié pendant des décennies, pillé pour ses richesses, ravagé par les guerres, la corruption, les épidémies.
L’Europe attire, telle une lampe qui conduit à leur mort les papillons de nuit. L’Europe, illusion de confort, de bonheur assuré, mythe entretenu par des médias, des publicités, vues par des milliers de pauvres gens qui aspirent juste à une vie meilleure, à un travail bien rémunéré, à une reconnaissance de ce qu’ils sont.
Au lieu de la vie, ils trouvent souvent la mort, dans les flots, ou ne survivent que péniblement, grâce à la bonté de ceux que leur détresse interpelle.
C’est qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde !
Pas de danger : l’Europe est devenue une forteresse et ce ne sont pas des demandeurs d’asile qui vont changer la donne.
Pas de maison d’hôte, ni de maison douillette préparée pour leur arrivée. Rejetés, parfois malmenés par certaines polices, poursuivis par des racistes, battus, humiliés, en danger dans certains pays, voilà l’Eldorado devenu enfer pour ceux qui cherchent seulement un peu de dignité et de partage, qui osent rêver d’avenir et de perspectives meilleures pour eux et pour leurs enfants.
Irak.
Chrétiens et autres « adorateurs du diable » jetés sur les chemins par la monstrueuse et cruelle intolérance de guerriers fanatiques voulant créer une théocratie (mais quel dieu voudrait d’eux comme serviteurs ?).
C’est bien triste, disons-nous, et puis nous passons à autre chose ! Impuissance ? Indifférence ? Quand même pas, la situation nous scandalise, nous soulève… De dix centimètres au-dessus de notre chaise. Puis nous retombons mollement.
Pour eux non plus, pas d’accueil, pas de maison décorée.
Un jour, mes amis, il nous sera redemandé justice, par le Maître de la maison. Il nous a créés pleins d’imagination dans tous les domaines, pourquoi pas dans celui de la solidarité ?
Si l’Europe est si égoïste et s’est blindée contre les malheurs du monde, c’est que nous le sommes nous-mêmes. Nous avons bien trop peur de perdre notre part de gâteau !
Nous picorons même les miettes qui pourraient tomber de… la table des autres.
L’accueil de l’étranger ne se vend pas, politiquement parlant. Quantité négligeable. Sujet tabou. Maison d’hôte « étrangers non admis… »
Quand laisserons-nous à notre table un peu de place à l’étranger ?
Yvette Vanescotte